Le 3 juin 2014 la députée Carole Delga devient secrétaire d’Etat au commerce, à l’artisanat, à la consommation et à l’économie sociale et solidaire. Inconnue du grand public et des grands médias parisiens, cette jeune femme de 42 ans voit récompenser son profond et sincère engagement pour le bien collectif et la chose publique. Issue d’un milieu modeste, elle puise sa force et son humilité dans les valeurs qui lui ont été transmises. Une grand mère aimante, qui menait un dur labeur à la ferme, lui a appris ce que voulait dire les mots travail, engagement, sincérité et exemplarité.
La réussite de Carole Delga ne tient pas du hasard. Solidement ancrée dans ce terroir rural de Martres Tolosane et du Comminges qui lui fournit son énergie, sa détermination et sa sagesse, elle regarde avec lucidité et clairvoyance l’avenir. Non éblouie par les fastes de la République qui peuvent brûler les ailes, elle se ressource chaque week end dans ce territoire du Comminges où la sincérité des gens qu’elle côtoie l’empêche, si besoin était, de changer.
Résolument optimiste, elle réfute le pessimisme ambiant persuadée que la réussite est dans le travail et qu’il faut se battre pour faire bouger les choses. « Il n’y pas de fatalité » aime-t-elle à dire. Provinciale du fait de ses racines, elle croit profondément à la force des Régions et notamment à celle que va constituer maintenant Midi Pyrénées et Languedoc Roussillon.
Madame la Ministre. Afin de mieux vous connaître, comment peut on résumer votre parcours professionnel et politique ?
Ma grand mère avait bien compris que c’est par les études que l’on peut accéder à l’ascenseur social. Alors j’ai bien travaillé. En maitrise de monnaie, banque, finance, je me rends vite compte que ce n’est pas ma voie. Fin 1992, prenant conscience que je dois mettre en adéquation mes études et mes envies professionnelles, je pars en sciences po et passe des concours pour rejoindre, à l’issue un poste de cadre territorial. Déjà cette envie de servir un territoire, ce qui touche au local et à la chose publique. Mes fonctions m’ont amené à conseiller des députés, des sénateurs et j’ai beaucoup appris à leurs contacts.
En 2007, monsieur Bernard Marche alors premier adjoint de la mairie de Martres Tolosane, (commune célèbre pour ses faïenceries) me demande contre toute attente d’être leur tête de liste. J’accepte et toute la liste est élue. Par pure déontologie, j’ai du changer de poste professionnel à la Région Midi Pyrénées où j’exerçais des responsabilités.
C’est Martin Malvy ancien ministre et actuel président de la région Midi Pyrénées qui m’ouvre les portes de la politique à un plus haut niveau. Présente sur sa liste aux régionales, je me vois confier une vice présidence à l’âge de 37 ans . Me faisant confiance, j’ai eu à gérer de nombreux dossiers que l’on peut qualifier d’importants.
En 2011, Jean Louis Idiart annonce qu’il ne se représentera pas comme député. De très nombreux militants au sein du parti socialiste mais aussi de très nombreux citoyens du Comminges m’invitent à me présenter à l’investiture. Je suis désignée comme candidate lors des primaires et suis élue au premier tour dans la 8° circonscription de la Haute Garonne. Je serai membre de la Commission des Finances de l’Assemblée nationale et rapporteur spéciale du budget enseignement scolaire.
Pouvez vous nous décrire le moment où vous apprenez que vous devenez secrétaire d’état et les émotions que l’on peut ressentir à cette occasion ?
Comme vous pouvez vous en douter c’est un grand moment dans une vie. C’était le 3 juin 2014 à 16 heures 45. Je me trouvais à la commission des finances à l’Assemblée Nationale. Le téléphone sonne. J entends « secrétariat de la présidence ». Je sors de la salle et on me demande si on peut me passer le président de la République. Je me doute qu’il se passe quelque chose d’important mais je ne sais quoi. Au mois d’avril Manuel Valls m’avait dit qu’il avait pensé à moi pour un poste au gouvernement mais que cela n’avait pas été possible. Je l’avais remercié déjà très heureuse qu’il ait pensé à moi.
Le président de la République m’explique que Valérie Forneron est de nouveau malade et qu’elle ne pourra continuer son portefeuille. Il souhaite, soutenu par son premier ministre et Arnaud Montebourg, que je la remplace. On ne refuse pas une telle responsabilité. Ce fut un grand moment d’émotion. La seule question que j’ai posée a été « Ca prend effet quand ?». Il m’a dit de suite. Je lui ai simplement demandé de me laisser prévenir ma famille. Il m’a laissé une demi heure pour le faire.
Avant de raccrocher, le président m’a dit une phrase que je n’oublierais pas : « Carole, une dernière chose, embrasse ta mère de ma part, je comprends l’émotion qu’elle va ressentir »
J’ai d’abord appelé mon compagnon qui a accepté par anticipation tous les sacrifices dus à cette fonction puis ma mère. Des pleurs d’émotion pour chacune d’entre nous. Une vie qui passe en revue avec tous les sacrifices faits par ma grand mère.
Un moment également très particulier lorsque je suis rentré pour la première fois dans mon bureau à Bercy ou que j’ai monté pour la première fois les marches des escaliers de l’Elysée pour assister à mon premier conseil des ministres. Des pensées encore et toujours pour ma grand mère qui a tant donné. Une agricultrice très modeste qui était persuadée que l’école de la République allait me donner plus de chance et que je réussirai.
Pour mon premier conseil des ministres, le premier ministre Manuel Valls a été bienveillant et m’a rassuré. La fonction de secrétaire d’état est passionnante mais d’une très grande exigence. Cela demande un total investissement et énormément de travail. Il ne reste que très peu de temps pour sa famille et ses amis mais c’est un profond engagement pour la République. C’est un honneur de servir la France et son pays donc il faut donner le meilleur de soi même. En Comminges, tout le monde a été très fier de ma nomination. Ils ont compris que je continuerais à m’occuper de leurs quotidiens et à représenter les gens modestes. Cela me donne une grande énergie et je ne me ménage pas.
Madame la Ministre. L’assemblée vient de voter la nouvelle carte des régions. Quel est votre vision sur ce nouveau territoire ?
Je suis convaincue que l’avenir passe par ces nouveaux territoires.
L’union de Midi Pyrénées et Languedoc Roussillon est une vraie chance donner à nos territoires pour se développer. Ces deux régions sont complémentaires et ont des atouts formidables. Cette nouvelle Région aura une place importante en Europe et l’on pourra développer une vraie entité européenne avec la Catalogne et sa capitale Barcelone. De plus, il faudra veiller à une Région équilibrée où Montpellier et Toulouse trouveront toute leur place. Il faut créer un partenariat sans domination. Il faudra que Montpellier garde des fonctions administratives forte et aussi un rôle dans le développement économique.
La gouvernance de la nouvelle entité régionale doit s’intéresser de par son positionnement à tous les territoires pour garantir un parfait équilibre entre les urbains et les ruraux.
Grâce à ce nouveau découpage, Midi Pyrénées trouve une ouverture sur le littoral et la mer méditerranée avec tout le dynamisme nouveau que cela implique. Nous possédons en outre une vraie culture commune occitane et la langue occitane et catalane sont proches.
Une conclusion ?
Ma profonde conviction en politique est que nous avons dans nos territoires ruraux des talents qui ne demandent qu’ à s’exprimer pour peu qu’on les aide. Il faut donc donner toutes ses chances au monde rural et aux zones de montagne.
La ministre Carole Delga a accordé un interview exclusif au petit journal. Cette personnalité politique pèsera pour les élections régionales de 2015, c’est ma conviction . J’ai pensé utile de vous transmettre l’interview pour diffusion dans votre édition. Elle parle de la nouvelle région qui va naitre.