Une introspection nécessaire
Comprendre ce qui s’est passé pour préparer l’avenir
Une seconde avant l’attentat terroriste, la France avait mal à sa démocratie. Peu ou prou, les symptômes de cette maladie sont connues. Une perte d’identité, un vivre ensemble qui s’étiole, la perte des valeurs qui ont fondé la République, le manque d’exemplarité de nos politiques en évitant la globalisation, l’absence d’un projet et de perspectives, la valeur argent comme seul critère, l’individualisme, pour ne citer que les principaux.
Après ces différentes tueries où l’on exécute des citoyens parce qu’ils sont entrés en résistance, parce qu’ils représentent l’ordre de la République, parce qu’ils ont la peau mat et considérés comme des traitres ou parce qu’ils appartiennent à une religion en l’occurrence juive, la France redécouvre d’un seul coup ses valeurs fondamentales. Un sursaut républicain qui réchauffe les cœurs mais qui ne lève pas les interrogations. Ces défilés nécessaires et ô combien importants ne nous dédouanent pas d’une responsabilité collective et individuelle. L’équipe de Charlie Hebdo aurait du voir ces manifestations massives lors de la parution des caricatures sur le prophète Mahomet. Il y a bien eu ça ou là quelques soutiens individuels mais aucun phénomène de masse. Nous sommes restés avec nos peurs et nos faiblesses et à l’image de Ponce Pilate, nous nous sommes lavés les mains. Or depuis ce moment, symbole fort d’hommes qui voulaient rester debout, ces défenseurs de la liberté d’expressions sont restés seuls, menacés de mort et sous protection policière. Ils ont continué leur combat avec grande difficulté vu le peu de ventes de charlie hebdo et la menace permanente d’un jet d’éponges.
Des jeunes français ont tué des compatriotes au nom d’un obscurantisme qui se veut religieux mais qui ne l’est pas. Le rempart de la laïcité n’a pas fonctionné peut être parce qu’elle n’est pas assez rappelé sans cesse. Comment notre société a-t-elle pu engendrer de tels phénomènes ? Comment certains de nos compatriotes ont ils pu adhérer et se faire absorber par des théocraties déviantes ? A la recherche d’idéal que notre société ne peut plus leur fournir, ils sont allés chercher l’amour et la reconnaissance ailleurs. Des milliers de nos compatriotes, et pas toujours d’origine étrangère, ne nous en déplaise, sont partis faire le Jihad pour épouser une cause qui les reconnaît comme individu et qui les « intègre » dans un système sociétal.
Une introspection pour chacun de nous. Avons nous toujours été « un charlie » ? Avons nous tous lutter au quotidien contre la stigmatisation et avons nous été capable de tendre cette main fraternelle qui symbolise le vivre ensemble ? Avons nous permis à certains de nos compatriotes de se reconnaître et de s’identifier dans la République en évitant l’humiliation ou la marginalisation ? Lorsqu’on est aimé, va t on chercher l’Amour ailleurs?
C’est à la réponse à ces questions que nous trouverons peut être les chemins de demain. Ce qui est sur, c’est qu’il faudra tendre la main et éviter la stigmatisation d’une part et lutter sans faiblesse contre l’obscurantisme et toutes formes de terrorisme d’autre part. Cette mission collective incombe à chacun d’entre nous mais également au pouvoir politique. Certes nous avons affiché les panneaux « je suis charlie », il va falloir maintenant les remplacer par « Restons charlie ». L’heure de la rupture est arrivée, l’évolution qui aurait du se produire étant en panne. Capitalisons ce qui vient de se passer pour que les victimes ne soient pas mortes pour rien.
« Dire que la barbarie ne passera pas ne suffit plus, il faut aussi fédérer un large mouvement citoyen pour affirmer et défendre sur le terrain les principes républicains, démocratiques et laïques, fondements inébranlables de notre société. »