Le mauvais temps du printemps, et des autres saisons, a bon dos. Les conditions météorologiques seraient sensées expliquer le différentiel important, concernant les fruits et légumes, entre les prix à la production et les prix de marché. S’il est exact qu’il y a un retard et donc une relative rareté (encore que !) dus au ciel, il n’en demeure pas moins que ce problème est récurrent, tous les ans à la même époque et même pendant toute l’année. N’entendons nous pas les producteurs se plaindre – à juste titre - régulièrement des prix de marchés en inadéquation totale avec leurs coûts de production ? Les actions, régulières, « coup de poing » - des producteurs illustrent parfaitement la situation. Ces actions, pour spectaculaires qu’elles sont n’en sont pas moins stériles… Une fois passé le coup de colère, la situation redevient comme avant. Il y a pourtant une solution, certes pas globale, pas spectaculaire… la vente directe. L’avantage de la vente directe c’est qu’elle contourne, court-circuite, les réseaux commerciaux traditionnels. Il est cependant vrai que cette pratique ne touche pas l’ensemble des consommateurs. Mais il ne tient qu’à nous, citoyens, aussi bien producteurs que consommateurs d’en étendre le domaine. D’ailleurs les quelques opérations ventes directes organisées par certains producteurs – trop rarement – sont des succès. Cette pratique se généralise peu à peu,… touche de plus en plus de consommateurs, intéresse de plus en plus de producteurs – les AMAP (Association pour le Maintien de l’Agriculture Paysanne) par exemple. C’est tout un lien social qui se tisse, une démarche économique alternative, un système, encore embryonnaire, qui s’instaure. Ce n’est pas spontanément, d’un coup de baguette magique, que l’on supprimera les circuits commerciaux – économiquement pervers - du système marchand. C’est à nous d’initier les nouvelles pratiques économiques et sociales, … nous, d’abord, les plus motivés, gagnant par la pratique de nouveaux participants, et cherchant à les étendre, petit à petit, à d’autres secteurs. Ne rêvons pas,… si nous voulons un véritable changement, c’est à nous d’en prendre l’initiative. Les politiques économiques mises en place par le pouvoir ne règlent que conjoncturellement, et à la marge, les problèmes. Rien ne change sur le fond. Dire que notre avenir est entre nos mains signifie qu’il faut initier des pratiques alternatives, dans tous les domaines, en commençant par le plus facile. Ne comptons que sur nous-mêmes. Patrick MIGNARD