Lavelanet de Comminges donne ses lettres de noblesse aux contes.
Trois jours de festival, c’est à la fois court et long. Ce dernier jour qui fêtait le dixième anniversaire du festival du conte en Volvestre a tenu tout ses promesses tout au long de la journée. Il débuta par un spectacle pour enfants donné par les désormais reconnues « Raconteuses » Sylvaine, Geneviève, Jeanine et Léonce. Un nombreux public d’enfants accompagnés de leurs parents et grands parents avait répondu présent. Dans un décor digne de Roger Hart ou de Donald Cardweil et des trompes l’oeil peints par Tinou, les raconteuses ont pu exprimé tous leurs talents.
Comme il est de coutume dans le sud ouest mais plus spécifiquement au sein du festival du conte en Volvestre, c’est un apéritif conté offert par la maire Evelyne Delavergne et toute son équipe qui fit venir le monde en cette fin d’après midi. Thérèse Grosdidier et Irène de Bruycker, fidèles parmi les fidèles conteuses, s’acquittèrent de cette tâche avec le savoir faire qu’on leur connait. Des histoires puisées dans l’imaginaire mais qui nous oblige à réfléchir sur les valeurs humaines actuelles. Un vrai plaisir dans ces temps difficiles. Elles étaient accompagnées pour l’occasion par une jeune flutiste venue de Guyane qui apportait de la majestuosité à l’ensemble. Un très bon moment.
Pendant que certains finissaient de manger un repas servi par les bénévoles de la municipalité de Lavelanet de Comminges, les festivaliers se pressaient en nombre à la porte d’entrée. Le phénomène « Olivier de Robert » ne se dément pas.
C’est donc dans une salle comble et dans une ambiance très chaleureuse que débuta la soirée. La première partie et la mise en voix furent assurées par le groupe « Bufadis » celui qui souffle sur les braises pour ne pas qu’elles s’éteignent. Donner ce je ne sais quoi qui fait que l’on se sent bien et que le vivre ensemble n’est pas qu’un mot vide de sens. Des chants occitans bien sur originaires de toutes les parties de l’Occitanie, nouvelle région oblige. Un concert qui s’acheva avec la participation de tout le public qui repris en cœur le refrain de l’hymne occitan « L’imortela ».
Après une présentation décalée et humoristique du président du festival, c’est Olivier de Robert qui s’empara de la salle. Ce conteur, qui est certainement l’un des plus doués en France, a cette capacité de faire du neuf avec du vieux, de faire de l’extraordinaire avec de l’ordinaire. Il peut se saisir de contes connus dans le répertoire de la littérature française, se les ré-approprier et livrer une histoire qui vous emportera dans l’olympe du plaisir. Il a l’art de raconter une histoire et de passionner un auditoire : Sa voix, ses intonations, ses gestes, son corps, tout participe à ce que la chose soit belle et envoutante. Tous ces spectacles sont suivis par un grand nombre de fans qui n’hésitent pas à lui demander tel ou tel conte. On se croirait à un spectacle de Patrick Bruel !
Alors pour faire plaisir, il raconta, entre autres, la chèvre de monsieur Seguin, version Olivier de Robert. L’histoire connue ne change pas, c’est un principe et la pauvre bête mourra dans la montagne au petit matin. Mais les spectateurs pris par l’histoire ne veulent pas s’en faire conter si j’ose dire. Pris dans la passion de l’histoire retravaillée et dans un tourbillon d’émotions, on entend des réprobations qui demandent à ce qu’on la sauve mais rien n’y fera. La chèvre devra mourir car le conte le prévoit. Le résultat est incroyable tant la salle vibre avec le conteur. On en veut même à ce pauvre monsieur Seguin qui n’a pas su préserver sa protégée et l’on perçoit le double sens des phrases avec le monde cruel du moment.
D’autres histoires vinrent dans la tradition orale du conte et le public ne se lasse pas. Il veut toujours et encore. Après des bis répétita, Olivier de Robert se met à conter l’histoire du chaperon rouge mais vu du côté du loup. Un pur moment d’émerveillement où l’on nous décrit les souffrances, les frustrations de ce pauvre animal qui n’avait rien demandé. Comme dans la chèvre de monsieur Seguin, l’histoire devra s’accomplir mais de quelle manière. Un talent d’écriture avant un talent de conteur, ce n’est pas pour rien qu’Olivier de Robert est aussi un écrivain à succès.
Pour finir sur une note plus légère, ce conteur inclassable nous décriva avec un humour décapant une équipe de rugby. A recommander à tous les footeux de la terre et aux amoureux du ballon rond! Une soirée que l’on n’est pas prêt d’oublier.
Le rideau se ferma sur le 10° anniversaire du festival du conte en Volvestre non sans avoir dégusté quelques grignoteries gentiment offertes par la commune de Lavelanet de Comminges . Trois jours qui permirent aux festivaliers d’oublier la morosité ambiante, trois jours qui ont fait dire que la culture, rire, manger, boire, partager, vivre tout simplement sont des biens précieux que personne ne pourra jamais nous enlever. C’est en ce sens que nous avons déjà gagné la guerre que l’on nous propose. L’envie de vivre libre et debout avec nos libertés fondamentales sont nos seules armes de destruction massive.
crédit photos : Jean Claude Vollmar, photographe officiel du festival du conte
Un petit cadeau :
Et celui ci pour les amoureux de Nadau
http://www.dailymotion.com/video/x352dc_l-immortela-nadau_music
crédit photos : Jean Claude Vollmar, photographe officiel du festival du conte