Il faudra du temps et d’autres pratiques démocratiques pour faire accepter les intercommunalités.
Une enquête réalisée à la demande de l’Association des maires de France (AMF), effectuée par l’institut de sondage Ipsos sur un panel de plus de 20 000 personnes, a été publiée lors du congrès annuel de l’AMF.
Trois Français sur quatre déclarent un attachement fort pour leur commune. Cet attachement varie très peu selon la commune de résidence, l’orientation politique, l’âge ou encore le niveau de diplôme, et quel que soit le territoire, du nord au sud, de l’est à l’ouest.
La seule variabilité tient à l’âge, ceux qui ont 65 ans et plus sont 75,5 % à manifester un fort attachement à la commune, alors qu’ils sont tout de même 67 % pour les personnes de moins de 35 ans.
On aurait pu penser que les agriculteurs seraient les champions de l’attachement au territoire. Or, si le monde agricole exprime cet attachement à 70 %, il est de 72 % chez les ouvriers, 71 % pour les professions intermédiaires et 69 % pour les cadres supérieurs.
Très peu de différence entre habitants des communes rurales et ceux des grandes agglomérations. S’ils sont 75 % pour les communes de moins de 2 000 habitants, ils sont 71 % dans celles de 200 000 habitants et plus.
Il n’y a pas de querelle des anciens et des modernes à mener autour de la commune : aucune sorte d’archaïsme, les Français sont attachés à leur commune malgré les efforts des gouvernements successifs pour la déliter au profit des communautés de communes ou des métropoles.
Ce que confirme la 2e question du sondage, qui porte sur l’avenir de la commune.
Deux tiers des personnes interrogées souhaitent que les communes « restent comme elles sont » en gardant leur compétence actuelle de proximité. Seulement 12 % souhaitent qu’elles disparaissent au profit des structures intercommunales.
Quand ils sont en faveur d’une évolution, ils sont pour une réforme qui vient d’en bas (consultation des habitants) comme une fusion avec une commune voisine, à l’inverse d’une réforme bureaucratique ou politique comme la réforme régionale, qui est venue par le haut. Nos dirigeants devront revoir leur copie quant à l’exercice d’une réelle démocratie. Même au niveau local, les citoyens n’ont pas été consultés par exemple pour connaître leur position quant au périmètre des fusions des communautés de communes en cours. Même si comme dans le Volvestre ce nouveau périmètre était plus qu’évident, cela n’était pas forcément le cas dans le Cazérien ou dans le Comminges. Une décision jacobine décidée la plupart du temps en comité restreint qui pose quelques questions sur l’exercice d’une démocratie participative. La représentativité n’est pas là pour faire à la place de… mais au nom de…
Par ailleurs, le résultat de ce sondage exprime clairement que les Français ne sont pas prêts à renoncer à la collectivité territoriale qu’est la commune, qui, au fond, garantit une forme de protection de proximité et l’assurance d’un service public près des gens, face aux aléas d’un environnement économique et social de plus en plus anxiogène.
Pourtant tant que les communes existeront sous leur forme actuelle, sera-t-il possible que les intercommunalités trouvent du sens à leur action dans une générosité partagée ? On peut en douter tant l’esprit de clocher reste fort dans nos villages d’irréductibles gaulois. Chacun des maires pense d’abord aux intérêts de sa commune avant de penser à ceux plus collectifs et peut-être plus altruistes que nécessitent une communauté de communes. C’est humain et compréhensible et sans doute ferions nous de même à leur place mais ce n’est peut être pas le gage d’une efficacité et d’une bonne administration de l’action publique. Il faudra bien trouver un jour ou l’autre une situation équilibrée où le bon sens paysan l’emportera. Chez nous cela devrait être plus facile mais à la ville, le bon sens paysan qu‘es aquò !