En ce samedi 26 novembre, la salle des mariages de Saint-Lys était pleine. Patrick Lasseube présentait son livre-enquête sur le sort réservé à un Saint-Lysien pendant la guerre 14-18. Frédéric Julien Dédébat était un soldat du 143ème régiment d’infanterie, né en 1881, qui fut fusillé le 24 décembre 1914 par l’armée française pour «abandon de poste en présence de l’ennemi». Son parcours est très atypique avec un engagement de 4 ans en 1901 où il servira dans le 61° régiment d’Infanterie, mais où il sera excessivement sanctionné pour des peccadilles ou des refus d’obéissance, tout cela lui coutant 82 jours de prison, 49 jours de salle de police et 8 jours de consigne au quartier. Bref, un fort caractère !
Le 11 Août 1914, comme tous les conscrits, Frédéric Julien Dédébat rejoint son affectation, pour lui à Toulouse puis à Carcassonne, avant de rejoindre fin août la ligne de front dans l’est de la France. Là, les mitrailleuses nouvellement arrivées dans l’équipement des allemands et les combats quasiment au corps à corps vont faire des ravages parmi les soldats au calot et au pantalon «rouge garance». Certains soldats se mutileront ou refuseront de monter au «Sacrifice suprême», ce qui entraînera leur condamnation à mort (639 Fusillés pour l’exemple en France). Frédéric Julien Dédébat sera jugé par un tribunal militaire le 22 décembre 1914 et fusillé le 24.
Il sera partiellement réhabilité par Joseph Eugène Bouas, maire de Saint-Lys de 1919 à 1929. Ce Compagnon accompli, Maître Charpentier, proche politiquement de Jean Jaurès, passera commande en Juillet 1920 pour la commune de Saint-Lys d’un «Monument aux Morts pacifiste» auprès de Camille Raynaud, sculpteur statuaire toulousain. Le nom de Frédéric Julien Dédébat y est porté aux côtés des 36 autres Saint-Lysiens morts lors de ce conflit.
Patrick Lasseube a commis là un ouvrage historique fort intéressant, fruit de 11 années de recherches en France et en Belgique.
Cette conférence a été organisée par «Art, culture et patrimoine». La présidente, Françoise Lorrain, a présenté l’auteur. Les représentants de « La Libre Pensée », étaient présents. Ils sont venus de l’Aisne et de la Loire et militent pour la réhabilitation de ces soldats bannis par la France.
Cet ouvrage et les documents y afférant pourraient en effet amener à ce qu’un soldat soit réhabilité. Mais c’est une autre longue démarche !
La couverture de l’ouvrage est une aquarelle et encre réalisée par Maïthé Joyeux, peintre Saint-Lysienne.