Rappel des faits
Dans un précédent article, nous faisions état du sort d’un jeune tibétain Sonam Dhondup, détenu au centre de rétention de Cornebarrieu, en attente d’être expulsé vers l’Italie. Nous vous racontions la vie de ce jeune homme de 26 ans, abandonné par ses parents à l’âge de 2 ans. Elevé par ses grands-mères dans un univers de pauvreté qui ne permet que de survivre, il n’était bercé que par le seul Amour sa terre natale chargée d’histoire et de symboles. Alors qu’il était étudiant, il signa une pétition qui l’a obligé par la suite à fuir le Tibet. Ce fut alors la traversée de l’Himalaya vers l’Inde, terre d’accueil où vit le Daïla Lama. Puis vint le départ vers l’Europe qui, à la suite d’une erreur de demande de visa, le conduisit en Italie. Arrivé en France il y a quelques mois, il fut hébergé chez un cousin à Toulouse. Il entreprit son intégration, avec joie, enthousiasme et une quiétude enfin retrouvée. Il suivit avec assiduité des cours pour apprendre le français. Il avait même un projet de solidarité mettant en œuvre son métier de couturier. Puis, brusquement, ce fut l’arrivée de la police et le cauchemar commença. Seul Monsieur le Préfet pouvait lui venir en aide en vertu d’un pouvoir discrétionnaire. ( lire ici )
Une attente interminable et l’angoisse que le couperet ne tombe
Inquiet, stressé, le jeune Sonam retrouva la peur des lendemains qui déchantent derrière les murs du centre de rétention. Ce pacifiste, prônant la non-violence comme tout le peuple tibétain, attendait avec frayeur et désarroi la décision de Monsieur le Préfet. Allait-il pouvoir continuer de rêver à un monde meilleur sur cette terre généreuse où ont été élaborés les droits de l’homme ou bien retrouver la solitude et la peur dans cette Italie voisine où il ne connait personne et dont il ne parle pas la langue ?
Minute après minute, espoir et désespoir se croisaient inlassablement dans son esprit. Au fond de lui, il avait foi en la générosité d’un pays qui a gravé des valeurs fortes dans sa Constitution mais il craignait, sans illusion, que le Droit ne l’emporte sur le Coeur. Là où certains voient des hommes avec leur histoire bouleversante, d’autres ne voient que des réfugiés en situation irrégulière pour lesquels il faut appliquer un droit européen qui a oublié les valeurs humanistes de l’Europe. Que les accords de Dublin III passent et soient appliqués sans état d’âme !
Le couperet tomba. Escorté par deux policiers, ce fut le départ en avion. Des témoins nous décrivent un jeune homme effrayé, tête baissée, des entraves aux pieds et aux mains à son arrivée à Paris. C’est une grande tristesse et un sentiment de gâchis humain qui envahissent toutes les personnes qui se sont mobilisées autour de lui. Si personne ne peut contester le Droit, tout le monde est unanime à dire qu’il faut le changer.
Aux dernières nouvelles, Sonam Dhondup est au camp de réfugiés via Milano 31 à Rome. La communauté tibétaine italienne va tenter de se mobiliser pour lui venir en aide et lui éviter le syndrome de l’abandon. Il espère des visites et exprime des inquiétudes quant à sa situation.
Dans une lettre adressée en réponse à Philippe Folliot, député du Tarn, monsieur le Préfet justifie la non application de son pouvoir discrétionnaire.
Extrait :
« Vous réitérez enfin la possibilité pour l’intéressé de bénéficier des dispositions de la clause discrétionnaire n° 2 de l’article 17 du règlement UE n° 604/2013 du parlement européen et du conseil en date du 26 juin 2013 dit « Dublin III ».
Je vous rappelle toutefois que la présence d’un seul cousin en France et d’une naissance au Tibet ne peuvent constituer des motifs humanitaires suffisants, au titre de la réglementation européenne suscitée, pour qu’une telle dérogation soit accordée.
En conséquence… désormais seules les autorités italiennes ont vocation à instruire la demande d’asile de monsieur Dondhup Sonam… »
Que tout ceci est juste de par la Loi mais tellement inhumain… L’Europe, la France ont perdu cette générosité qui fit leur grandeur. Il est tellement plus simple de s’occuper de l’Europe marchande…