Pendant que les français se passionnaient ou s’exaspéraient avec la campagne électorale, les forces de l’ordre procédaient à des contrôles renforcés pour mener une campagne de répression face à l’augmentation des morts sur la route. 1200 infractions relevées en une semaine ! Au vu des statistiques, peut-on mettre en doute l’efficacité de ce type d’opérations et la Vérité n’est-elle pas plurielle ?
Communiqué de presse de la Préfecture :
Le mois d’avril et le pont du 1er mai 2017 ont été l’occasion de nombreux déplacements sur les routes en Haute-Garonne. De nombreux appels à la prudence lors de ces départs et retours ont été réalisés au niveau national, mais aussi en local.
Les chiffres de l’accidentalité dans le département depuis le début de l’année sont préoccupants. 24 personnes ont trouvé la mort sur les routes du département, dont 8 à ce jour pour le seul mois d’avril. Ce sont 10 personnes décédées de plus qu’à la même période en 2016. Les chiffres du premier trimestre sont quasi identiques à ceux constatés en 2010, année particulièrement marquée avec 66 morts au total dans l’année alors que depuis 2014, le chiffre était stable avec 51 décès annuels.
Malgré tous les messages de prévention mis en œuvre sur différents supports (TV, radio, etc.), ou avec l’implication de partenaires, les accidents corporels et les accidents mortels sont encore trop souvent le résultat d’un comportement dangereux de la part des conducteurs (vitesses excessives ou non adaptées aux circonstances, non port de la ceinture de sécurité, manœuvres dangereuses, utilisation du téléphone portable, consommation d’alcool et de stupéfiants, etc.).
Résultats des contrôles engagés par les forces de l’ordre
Pendant toute cette semaine comprenant le week-end prolongé, les forces de l’ordre se sont fortement mobilisées et ont procédé à des contrôles sur l’ensemble du réseau routier de la Haute-Garonne (contrôles de vitesse, d’alcoolémie et présence de stupéfiants).
Les contrôles ont été effectués sur l’ensemble du territoire du département, et ciblés sur les axes particulièrement impactés par les accidents de la circulation depuis le début de l’année.
Au total, ce sont près de 1200 infractions relevées lors de ces actions de contrôle :
845 infractions relevées par les systèmes de contrôle sanction automatique de la vitesse (CSA), ou après interception du contrevenant.
354 interceptions réalisées par les forces de l’ordre, dont :
– 59 cas de conduite en état d’alcoolémie, et 7 pour des conducteurs ayant consommé des produits stupéfiants ;
– 17 cas de conduite sans permis ou assurance ;
– 149 infractions relevées pour usage du téléphone au volant.
On peut également noter près de 50 autres infractions graves et génératrices d’accidents (franchissement de ligne continue absence de ceinture, casque ou de gants).
Ce communiqué de presse émanant de la Préfecture amène toutefois quelques questions :
Malgré une répression toujours plus importante si l’on en croit les chiffres fournis, malgré une présence des forces de l’ordre omniprésente à certains moments ciblés, les statistiques des accidents ne cessent d’augmenter. Force est de constater que la stratégie du tout répressif telle qu’elle est conçue aujourd’hui pose question quant à l’efficacité si l’on s’en tient aux résultats obtenus. Les policiers et les gendarmes sont-ils au bon endroit et au bon moment? Où ont lieu les accidents et dans quel créneau horaire ? Et pour quels motifs réels ? Vingt gendarmes au péage de Lestelle pour contrôler avec minutie les pièces afférentes à la circulation et verbaliser pour non présentation d’un permis de conduire participent-ils à la baisse des accidents ?
Les campagnes de prévention dont on nous parle, effectuées à travers les différents médias, sont-elles encore efficaces et ne sont-elles pas d’un autre temps ? Qui regarde encore ce type de message sans se servir de sa « zapette » ? Est-ce à l’Etat ou à « un des partenaires » de faire de la prévention et cela se fait-il en masse ?
Il est mentionné que 845 infractions à la vitesse ont été relevées sans préciser celles qui relèvent d’un comportement présumé anormal (au dessus de 20 km/h de la vitesse autorisée par exemple) ou celles qui relèvent d’une erreur passagère qui ne peut être considérée comme dangereuse (au dessous de 5 ou 10 km/h de la vitesse autorisée). Si on roule à 133 km/h sur une autoroute (vitesse retenue) est-on réellement dangereux même si on rentre dans la fameuse statistique du tout répressif ?
De très nombreux accidents, dont souvent les plus graves, ont lieu sur les axes secondaires et dans des créneaux horaires atypiques et ce d’une manière isolée géographiquement. Difficile de mettre en place une répression efficace dans ces cas là et pourtant.
Si personne ne conteste à la police et à la gendarmerie son rôle répressif pour tenter de faire baisser les accidents de la route et le nombre de morts, il semble que le volet éducation des automobilistes et notamment auprès des jeunes peut sembler insuffisant. Que dire des infrastructures routières où le manque d’argent pèsera de plus en plus sur l’entretien des routes. Que dire de l’absence d’un contrôle continu de la capacité des conducteurs à conduire, lesquels se voient délivrer un permis à vie sans que rien ne leur soit jamais demandé ! Est-ce bien raisonnable ?
La route est un espace commun où chacun doit respecter les règles édictées dans le code de la route. Cela doit engendrer un changement d’état d’esprit pour chacun d’entre nous et parfois la carotte est meilleure que le bâton. Chacun est à même d’accepter la répression si elle est juste, proportionnée et compréhensible par tous. Persuader est toujours mieux que réprimer et n’oublions jamais que la répression n’est que l’échec d’une prévention qui n’a pas fonctionné.