Au lieu dit Marestaing à Montesquieu Volvestre, Joël Lebret, ancien diplomate, et son épouse Corine Marcien ont transformé une ancienne ferme de 11 hectares pour en faire un lieu de culture et d’accueil. Ces altruistes qui ont parcouru le monde au service de la France ont appris de leurs voyages que l’Autre enrichit, que l’Autre est source de joie et que la culture est un bien précieux et universaliste.
Une partie des perspectives consistait à accueillir une famille de réfugiés et les installer sur l’exploitation. Le préfet Brot, conseiller du gouvernement pour l’accueil des migrants syriens et irakiens, y a été très sensible et a cherché une famille qui corresponde au projet . C’est dans un camp au Liban qu’un couple d’agriculteurs a ainsi pu être découvert. Kamel et Fatima, trentenaires, ont deux enfants Nour 6 ans et Assan 4 ans. Ils vivaient dans ce camp depuis six longues années dans l’attente de jours meilleurs. Auparavant, ils étaient fermiers dans la région d’Alep. Ils ont dû fuir la Syrie suite aux multiples bombardements qui ont coûté la vie à des membres de leur famille ou à des proches. La destruction de l’école a été l’élément déclencheur de la fuite vers le Liban, fermant, de fait, toute perspective d’avenir.
C’est le 26 juillet que la famille Alhmoud a débarqué à l’aéroport de Blagnac, munie de tous les papiers officiels les intégrant, de fait, aux 10 000 réfugiés que la France se doit d’accueillir par un accord international. Un moment d’intense émotion où se mêlent joie, pudeur, crainte et soulagement. Des sourires sont échangés puis c’est l’arrivée à Marestaing sur la commune de Montesquieu Volvestre. La découverte pour les enfants de ce qu’est une vraie maison avec une chambre. Les sourires illuminent les visages et, malgré le déracinement, le bonheur est dans le pré.
Puis vient la rencontre avec Danielle Estrade, conseillère agricole du département, et Jean Charles Dumas, de la Confédération Paysanne. Tous deux suivront le dossier pour dessiner les contours d’un avenir meilleur pour eux. On parle de potager, de moutons, de vie qui recommence. Les voisins souhaitent la bienvenue et des poules sont offertes et mises dans le poulailler, vite remis en état par Kamel et Fatima. Nour et Assan sont allés au centre de loisirs du village et les choses se sont très bien passées. Les enfants ont joué tous ensemble. Le langage des signes et les rires partagés ont montré leur universalité dans la fraternité mondialiste.
En présence notamment de Maryse Vezat, première vice-présidente du Conseil Départemental, de Bernard Bros, maire de Carbonne, et de nombreuses associations spécialisées, le Préfet Brot est venu spécialement à Marestaing pour les voir et se rendre compte du déroulement du projet. Un tour du propriétaire a été effectué. Le Préfet a ensuite animé une réunion en présence de Kamel et Fatima pendant laquelle tous les intervenants ont pu s’exprimer. De l’avis de tous, l’apprentissage de la langue est la principale difficulté pour une intégration rapide et aisée. Si l’accueil en milieu rural pose des problèmes, notamment pour les transports du fait de l’isolement, il est malgré tout un excellent moyen d’intégration par la qualité des relations humaines. Le Préfet, prenant note de toutes les observations faites, a souligné la nouvelle volonté politique de l’Etat de mieux fluidifier la gestion des réfugiés et a donné une liste de mesures concrètes comme le passage de l’apprentissage du français de 200 heures à 400 heures.
Pour que le projet démarre au plus vite, on a pu comprendre qu’il était nécessaire de trouver rapidement une cinquantaine de moutons, des matériels les plus divers, le plus urgent étant soit un gros motoculteur soit un petit tracteur. Toutes les bonnes volontés sont acceptées… Kamel et Fatima ne demandent qu’à travailler. Ils sont courageux et tellement heureux de se trouver en Volvestre.