Par voie d’huissier, le maire de Plagne demande la fermeture définitive de l’exploitation de gavage de canards de madame Josette Boué. Retour brusque à 2012 avec des larmes et de la désespérance !
Trop à l’étroit dans sa blouse de travail qu’elle ne porte plus avec fierté, les traits tirés et toute la misère du monde sur ses épaules, Josette Boué nous ouvre les portes de son domicile. Elle n’a plus la force d’esquisser le moindre sourire. Elle tente de cacher des larmes qui coulent avec pudeur le long de sa joue et on peut lire de la désespérance dans son regard. Une lassitude morale qui fait de cette septuagénaire, une octogénaire au fond de l’abîme. Elle nous invite à nous asseoir dans cette cuisine où la toile cirée règne en maitre. Mains tremblantes, elle nous remet un exploit d’huissier remis par le cabinet de Maitre Yann Fillaud de Cazères-sur-Garonne le 24 janvier 2019.
Un monde qui s’écroule à nouveau.
A la demande de Henri Rouaix, maire de la commune de Plagne, cet auxiliaire de justice a remis à la famille Boué une signification qui dit :
« D’un courrier sur 2 feuillets A4 rédigé par monsieur le Maire de la commune de Plagne vous demandant vos observations écrits préalables à la notification d’une mise en demeure de cesser immédiatement l’exploitation d’une salle d’engraissement sur la parcelle cadastrée section B n° 419 ainsi que de la salle d’abatage située sur la parcelle cadastrée section Bn°409
TRES IMPORTANT : Vous déclarant que la présente signification est fait à tels fins et égards que de droit. »
Un cauchemar qui dure depuis 2012 et que Josette Boué croyait terminé après de nombreux procès gagnés ou perdus, des cassations et surtout beaucoup de stress et de nuits blanches. Alors que la situation était redevenue calme, un homme, un seul, a voulu relancer la machine administrative et judiciaire. Un agriculteur qui veut « tuer » un autre agriculteur ! Quelle drôle de solidarité ? Agir, en qualité de maire, pour aller jusqu’au bout des choses afin d’obtenir ce qu’il souhaite depuis le départ de l’affaire : la fermeture définitive de l’activité de gavage et d’abatage de la famille Boué/Pétaut au nom du respect de la Loi qu’il représente sur sa commune. Mais de quelle Loi parle-t-on ? Plagne, commune surendettée, obligée de vendre les biens communaux pour faire face à son déficit abyssal n’a-t-elle pas d’autres priorités ? Le 29 juin 2015, le Préfet de région avait d’ailleurs saisi la cour des comptes.
Des solutions.
Pourtant Josette Boué avait fait preuve de magnanimité. A la demande de son avocate et du résultat des différents procès, elle avait consenti à de gros efforts . Elle avait été contrainte de réduire de moitié sa production pour se conformer à la Loi. Un manque à gagner énorme et des difficultés financières qui en découlent. Visiblement cela n’est pas suffisant pour monsieur le Maire et la spirale infernale se remet en marche. Il va falloir à nouveau payer un avocat pour se défendre et tenter de sauver ce qui peut l’être.
Pourtant malgré tant d’acharnements, les familles Petaut Boué cherchaient des solutions. L’une d’elle consiste à transférer cette activité dans l’exploitation de Bernadette et Pierre Pétaut (fille et gendre) au lieu dit Pitchet malgré les gros investissements qu’il faudrait consentir. Mais voilà, leur ferme est sans eau courante et le maire de Plagne s’oppose à son raccordement sur le réseau d’eau depuis des décennies. Le serpent qui se mord la queue. Fort heureusement depuis le 1er janvier 2019, la commune de Plagne a perdu la compétence de la gestion de l’eau au profit de l’intercommunalité. Gageons que la sagesse des élus intercommunautaires seront aidés des agriculteurs qui ne demandent qu’à travailler dans la sérénité et de pouvoir se laver par temps de sécheresse.
Trouvé à proximité de sa ferme, monsieur Rouaix nous a confirmé qu’il voulait effectivement aller jusqu’au bout de l’affaire car en tant que maire il devait faire respecter la Justice et le droit ! A notre question il a affirmé, un peu gêné dans son attitude, qu’il n’y avait rien de personnel dans sa démarche. Il a tourné le dos, mis fin à la discussion et s’en est allé.