Il y a 80 ans, la France ouvrait ses frontières accueillant en quelques jours presque 500 000 réfugiés. Certains repartiront en Espagne, d’autres s’établiront ici. Le 6 février 1939, 320 d’entre eux arriveront à Saint-Gaudens, ils ont fui les bombardements de Barcelone.
Joséphine Puentedura était une de ces enfants. Elles sont encore trois femmes qui ont connu cette arrivée.
«On nous a amenés au Haras, de la paille fraiche avait été déposée mais cela sentait encore le cheval. Nous y étions entassés. On nous donnait à manger, l’état donnait de l’argent pour cela. On avait eu tellement faim que cela nous semblait bon, on nous jetait des bonbons par-dessus le portail… Nous n’avons pas été très bien accueillis mais nous étions en vie. Au bout de quelques jours, 250 d’entre nous sommes partis à Miramont au Refuge. Nous y resterons 13 mois. Avec ma famille, nous étions partis des alentours de Saragosse le 12 octobre 1936. Nous avons avancé fuyant les franquistes jusqu’à Barcelone où nous resterons jusqu’aux bombardements. On ne trouvait rien à manger et nous avions peur.
Nous nous sommes repliés vers le Perthus. De la frontière française, nous avons pris un train, femmes, enfants et vieillards d’un côté, les hommes de l’autre. Au Refuge, nous faisions du théâtre, on suivait des cours, on nous occupait. Certains ont retrouvé leur famille, grâce à la croix rouge, et sont partis. Mes parents s’installeront à Miramont et j’irai de suite à l’école. Notre intégration se fera par l’école. Arrivée à l’école à 8 ans, j’obtiendrai mon certificat d’étude à 14 ans, la première du canton. Nous avions le statut de réfugiés politiques, et la France était le pays de la démocratie, de la République. Au début, les parents étaient convaincus de repartir, très vite nous sommes devenus miramontais, avons obtenu la nationalité française. Mon mari, et moi-même avons témoigné dans les écoles. La guerre est quelque chose de terrible, la guerre civile pire encore, c’est triste. »