Raconte-moi les Pyrénées à Betchat.
La dixième édition fut un vrai succès. La démonstration chaleureuse des retrouvailles des bénévoles de l’Ostau Comengès au repas de midi a révélé de toute évidence que cette journée était attendue, eth plaser de mos arretrobar. La soirée s’est déroulée dans le même esprit, coma de costuma, avec les saynètes en gascon deths gafets. La conviction que mettent les enfants dans l’incarnation de leurs personnages révèle l’investissement de l’enseignante autant que son engagement à transmettre la culture du pays de Couserans. Nous avons vu un village vivant ce soir-là, avec l’adhésion sympathiquement enthousiaste du Maire, l’implication des parents d’élèves, des habitants nombreux avec la salle pleine comme chaque année, fusionnant joyeusement dans ces instants de partage gascon.
Nous avons pu entendre Loís e Danís exécuter quelques morceaux choisis à l’accordéon diatonique, parmi les instruments emblématiques de l’instrumentarium gascon. Mathieu Fauré, chargé par l’Ostau Comengés des opérations de collectage du patrimoine immatériel, a présenté quelques extraits de sont travail dans le canton des Portes du Couserans (Bas Salat et Volvestre). Nous nous sommes retrouvés par la projection des reportages dans l’ambiance ouvrière paysanne de la transition des XIX et XXème siècles. Une culture est portée par son économie. La culture gasconne l’était par toutes ces activités de proximité depuis quelques milliers d’années. Elle se trouve aujourd’hui menacée. D’une part, par le fait de la gouvernance jacobine, mais plus encore par une nouvelle économie de marché féroce où l’identité culturelle se réduit à la rétribution des actionnaires de sociétés financières hors sol. Les ressorts de l’histoire ont leur part de l’humour. La notion d’économie de proximité dégouline aujourd’hui de plus en plus des commentaires des médias, chez nos élus et politiques comme une urgence. Cette gasconité festoyante ce soir là à Betchat avait la consistance de l’âme d’une culture, comme pour donner de l’éclat à une formulation trop technocratique de la nécessité d’espérance politique pour une meilleure proximité des services et des échanges.
La soirée reste marquée telle une éclosion printanière par le concert du groupe HemnAmassa. Ce sont de jeunes femmes du Couserans réunies par la passion du chant polyphonique. Après des mois de répétition au rythme d’un jour par semaine, ce fut leur première ce soir là. Ce projet artistique a surgit chez des mamans d’élèves dera calandreta, une école bilingue occitan-francés de Sent Guironç. Pour être en cohérence avec l’apprentissage de l’occitan gascon de leurs enfants, elles ont décidé de chanter en Òc. Elles interprètent également un répertoire issu d’autres régions du Monde. Nous entendrons fatalement encore parler et chanter cette formation de part la qualité du propos artistique. Les arrangements sont à la fois délicats et efficaces, notamment avec l’apparition encore modeste, mais judicieuse du violoncelle et des sons percutifs (Cajon, pandereta). La formation témoigne d’une bonne connaissance au plan ethnomusicologique. La présence sur scène est d’une élégance sobre et gracieuse, sans excès de démonstration. Le déroulement de leur répertoire est dynamique. Il échappe au registre des images des chorales coutumières. Dès le premier morceau, le public fut vite transporté dans l’atmosphère des modes musicaux propres à la culture gasconne ou languedocienne, au point qu’elles furent rappelées à deux reprises après le dernier morceau. Que vos balham arrendetz-vos a Bèthhag en 2020 !