« Mes premiers mots sont pour vous, les combattants de la liberté républicaine. Le 80ème anniversaire de la Retirada nous rappelle un épisode terrible de notre histoire, prémisse du second conflit mondial, et qui a marqué notre mémoire régionale. C’est une évidence pour l’Occitanie, terre d’accueil et terre d’exil, de travailler à la transmission de ce patrimoine mémoriel et des valeurs portées par les Républicains espagnols. Je tiens à remercier chaleureusement les représentants de l’association « Memoria y Exilio » pour leurs 10 ans d’engagement auprès de notre jeunesse. A travers leurs manifestations ils œuvrent pour la mémoire de ces combattants de la liberté a déclaré Carole Delga, présidente de la région Occitanie lors de son allocution à Cazères ce samedi 23 mars. Des paroles fortes qui ont résonné dans le Cloître des Capucins, lieu hautement symbolique de la Retirada, puisqu’en 1939, les familles cazèriennes y apportaient à manger aux réfugiés espagnols.
Pour rappel, l’année 2019 marque les 80 ans de la Retirada, un exode sans précédent de près de 500 000 réfugiés espagnols en France fuyant le régime de Franco. Un évènement important pour de nombreux cazèriens, particulièrement pour tous ceux qui sont issus de l’exil républicain espagnol. Parmi eux, le maire Michel Oliva, qui plutôt que de faire un long discours, a livré un témoignage venant du cœur sur l’histoire de sa famille : « Ce rassemblement me touche profondément puisque la Retirada représente une partie de mon début de vie, avec l’histoire de mes grands-parents anti-fachistes qui ont fui l’Espagne en laissant tout derrière eux. Avec mon père et mon oncle âgés respectivement de 11 ans et 4 ans, ils ont traversé les Pyrénées à pied avant d’être intégrés dans un camp à Argeles. Nous devons notre installation à Cazères au métier de tanneur de mon grand-père qui a trouvé du travail aux anciennes tanneries de la commune… Aujourd’hui je suis très fier d’être le descendant d’une famille de réfugiés espagnols ».
Les commémorations du 80ème anniversaire de la Retirada constituent un événement important et significatif pour de nombreux habitants de la Région, particulièrement pour tous ceux qui sont issus de l’exil républicain espagnol. De 1936 à 1939, la guerre d’Espagne entraine le départ de plusieurs vagues de réfugiés vers la France. La chute de Barcelone, le 26 janvier 1939 provoque un exode sans précédent de près de 500 000 personnes, c’est la Retirada. Le gouvernement français de l’époque n’ouvre ses frontières que le 28 janvier aux civils, puis à l’armée républicaine, acculée par les troupes franquistes, le 5 février.
Les femmes, les enfants et les vieillards sont envoyés dans toute la France, tandis que les hommes sont emmenés de force dans des camps d’internement, montés à la hâte sur les plages du Roussillon et dans le Sud-Ouest de la France, dans des conditions inhumaines. Entre 1939 et 1944, 13 camps ont été implantés, dans 9 des 13 départements qui constituent l’actuelle Région Occitanie / Pyrénées-Méditerranée. L’histoire de la Région est étroitement liée avec celle des Républicains espagnols. Pour la plupart engagés dans la Résistance et les FFL (Forces Françaises Libres), leur action s’est avérée décisive dans la libération de nombreuses villes du Sud-Ouest, comme Foix, Auch ou Toulouse, qui devient après-guerre le siège du gouvernement républicain en exil.
Cet hommage organisé par l’association « Memoria y Exilio » et « Les Amis du Patrimoine » se poursuit jusqu’au 30 mars avec une exposition des affiches de la guerre d’Espagne à la Case de Montserrat. Plus d’infos sur www.tourismecoeurdegaronne.fr