Mawaran » Le Remous » Chants et musiques du Liban, textes en arabe littéraire de Richard Milan.
Avec le temps menaçant ce 26 juillet, c’est dans l’église que nous avons pu voir et entendre ces évocations musicales du Liban au travers du chant profond et inspiré du chanteur libanais Richard Milan. La proposition musicale se situait dans les songes lointains du Moyen Orient. Le chant proclamait des textes dans une pratique vocale semblable à celles emblématique d’ALEP en Syrie.
L’expression est ostensiblement nostalgique, comme la perception d’un temps révolu d’avant le Liban reconstruit, en reflet de la prestigieuse cité syrienne presque totalement détruite aujourd’hui. Les instruments rassemblés autour du chanteur étaient constitutifs en eux-mêmes du voyage, avec le sentour et le tombak iraniens, les dafs kurde, la darbuka moyen- orientale, le didjiridou australien, la harpe classique européenne, et le violon alto dans sa forme aboutie dorénavant universelle.
L’humanisme de cette convergence instrumentale autour du chant en demeurait néanmoins au plus près de l’exigence de cette pratique musicale. Le déroulement du concert est ciselé avec la signifiance pertinente des percussions, telle une œuvre d’orfèvrerie, entre silences et modulations des instruments mélodiques, entre échanges et partages de solos. Les interventions vocales sont portées avec subtilité par les nappes musicales. L’exigence d’écoute autant que l’exécution de chaque instrumentiste est visible. L’ensemble est à la fois tendu et léger dans l’évolution des pièces exécutées, avec cette pratique musicale singulière de ces notes qui surgissent par surprise. Nous sommes dans la consistance de cette élégance propre aux musiques orientales, ces moments qui s’achèvent parfois dans une véritable éclosion entre exaltation et sublimation. Le concert s’est achevé dans cette unanimité fiévreuse partagée avec le public, un instant musical éphémère et puissant, un quelque chose d’orgasmique.