Rencontre avec Bernard Aubert, président de l’Epicerie Escale en Volvestre.
Quelle est la situation de l’Epicerie Solidaire depuis l’annonce du confinement général ?
Le 23 mars, j’ai dû prendre la décision de fermer l’Epicerie. Pas de masques, pas de gants, pas de gels ! Je ne pouvais exposer les salarié/es, les bénévoles et les bénéficiaires aux risque de l’épidémie et aux contrôles des déplacements. Et avec la ruée des gens vers les supermarchés, nous risquions de manquer de produits alimentaires.
Pourtant dès le 31 mars, on pouvait observer de l’activité à Escale ?
La décision de fermer l’Epicerie avait été prise vraiment à contrecœur car nous avions 140 familles du Volvestre dépendantes de nos services. Aussi, dès le 31, avec nos deux salariées, Joëlle Claustre et Juliette Fiat, nous avons préparé une stratégie pour reprendre notre service aux bénéficiaires, tout en respectant les règles de sécurité édictées par l’Etat.
Comment vous y êtes-vous pris ?
Nous avons décidé de travailler sur plusieurs plans. Nous avons accepté les produits alimentaires proposés par la Cuisine centrale de Rieux, par des cantines scolaires, un restaurateur, un traiteur. Nous avons pu ramasser des produits dans un supermarché, récupérer des sacs en kraft donnés par Carrefour et Leader Price. Grâce au CCAS de Carbonne, nous avons pu avoir des masques, et nous avons trouvé des gants et des gels. En équipe réduite, Joëlle, Juliette, deux bénévoles et moi-même, nous avons préparé des sacs de produits pour toutes les familles de bénéficiaires qui ont été contactées systématiquement par téléphone, ce qui nous a permis de définir les besoins en livraison. Et pour les bénéficiaires pouvant venir à l’Epicerie, nous avons mis en place des modalités très strictes d’accès : pas d’entrée dans les locaux, marquage des distances de sécurités au sol dans la cour, remise des sacs de produits un par un à l’extérieur.
Vous avez donc rouvert l’Epicerie Solidaire ?
Oui, le 6 avril et nous avons pu ainsi fournir à nouveau l’aide alimentaire à nos bénéficiaires, les autres activités étant maintenues en stand-by. Louis Eychenne et des bénévoles de « Longages Solidaire » ont pris en charge les livraisons à Longages, Noé et Capens. Pendant deux jours nous avons accueilli les bénéficiaires à l’Epicerie. Deux personnes de Montesquieu se sont chargées des livraison dans cette commune. Joëlle et Juliette ont livré à Rieux, Gensac et Carbonne. Et le 8 avril, avec cinq bénévoles d’Escale, nous avons réceptionné un camion de la Banque Alimentaire qui a pu compléter une partie de nos besoins.
Vous allez donc poursuivre votre activité ?
Dès après Pâques, nous remettons en œuvre une procédure comparable, avec les mêmes collaborations. Et nous irons à Toulouse nous approvisionner à la Banque Alimentaire et à la plateforme Alternative. L’objectif est de continuer ainsi tant que durera le confinement. Il est hors de question de laisser de côté les familles dont nous avons la charge.
Et vous envisager déjà l’après – confinement ?
Le principal problème sera l’approvisionnement, tant que les supermarchés où nous effectuons la ramasse ne pourront pas nous donner de produits d’alimentation. Nous serons sans doute obligés d’acheter des produits alimentaires secs. Nous avons d’ores et déjà participé à un appel à projet lancé au niveau national, mais dont nous ne savons pas quel sera le résultat. Nous allons aussi répondre à l’appel lancé par le Conseil Départemental qui a annoncé un plan de soutien aux associations.
Un dernier mot ?
Oui. De toute façon, nous n’abandonnerons pas nos bénéficiaires. Et nous sommes prêts à collaborer avec les initiatives qui sont ou seront mises en œuvre pour venir en aide aux familles en précarité, dont les besoins sont encore plus difficiles à satisfaire actuellement. Et je tiens à remercier chaleureusement les supermarchés qui nous aident encore, et surtout toutes celles et tous ceux, salariées et bénévoles d’Escale et de « Longages Solidaire », et partenaires occasionnels, qui nous ont aidé et nous aident encore dans notre action.
