« J’ai écouté avec attention le discours prononcé aujourd’hui par le Premier Ministre devant les députés, pour présenter le plan de déconfinement de la France, annoncé pour le 11 mai par le Président de la République.
Le discours du Premier Ministre s’inscrit dans un contexte de grandes incertitudes et laisse de nombreuses questions en suspens.
Cette phase de déconfinement est un défi majeur sur lequel le Conseil départemental est pleinement mobilisé pour permettre la reprise de la vie sociale et de l’activité économique tout en protégeant les populations et en évitant une deuxième vague d’épidémie du Covid-19.
Le Premier Ministre a annoncé que les masques, sans être obligatoires, devraient être largement utilisés. Bien que cela relève des compétences de l’Etat, le Conseil départemental a d’ores et déjà commandé 1,4 million de masques textiles avec la Région Occitanie, qui seront distribués gratuitement à l’ensemble des Haut-Garonnais pour assurer leur protection.
Concernant la mise en place des tests de dépistage, je considère que les annonces faites ne sont pas au niveau des enjeux sanitaires. Des tests devraient être déployés de façon beaucoup plus large afin de permettre le déconfinement en limitant la reprise de la pandémie. Je rappelle que le Département a mis à la disposition de l’Etat, dès le mois de mars, son laboratoire départemental EVA31, afin d’effectuer 500 tests par jour.
Parmi les mesures, le Premier Ministre a annoncé la date du 11 mai pour la reprise de l’enseignement du premier degré et du 18 mai pour les collèges et les classes de 6ème et de 5ème, département par département.
Le Conseil départemental de la Haute-Garonne reste fondamentalement attaché au maintien de l’égalité des chances de réussite des collégiens haut-garonnais.
En tant que gestionnaire de 96 collèges publics et 21 collèges privés dans le département et en tant qu’autorité délégataire de la Région Occitanie pour les transports scolaires, le Département est également garant de la sécurité des personnels départementaux, des enseignants, des conducteurs de cars, des accompagnateurs, mais aussi des élèves transportés de la maternelle au lycée ainsi que des 60 000 collégiens et, par corollaire, de leur famille.
En l’état actuel de la progression de la pandémie et en l’état actuel du respect nécessaire des gestes barrières encore en vigueur pour protéger les populations, il ne faudrait pas que la reprise scolaire ne soit qu’une manière détournée de faire primer la reprise économique sur la sécurité sanitaire.
Comme j’ai eu l’occasion de l’indiquer à Monsieur le Préfet de Région et à Monsieur le Recteur d’Académie, le 20 avril dernier, je réaffirme que la règle première et primordiale étant le respect de la distanciation physique d’un mètre entre les personnes, certaines mesures devront impérativement être mises en place et respectées pour envisager toute reprise :
– Dans un car de transport scolaire, maintien d’une bande de sièges vides autour de chaque siège passager occupé, ce qui revient à diviser par quatre la capacité d’emport de nos 700 cars de transport scolaire et de nos cars de lignes régulières qui circulent quotidiennement.
– Dans les locaux des collèges, le maintien au sein de chaque salle de classe de cette distance minimale doit se traduire par une capacité d’accueil de 7 à 9 élèves selon les configurations, soit là encore une capacité de l’ordre du quart des élèves habituellement accueillis.
– En ce qui concerne les locaux de demi-pensions des collèges, la même règle se traduit par une capacité réduite au quart de sa capacité totale habituelle.
Ces mesures de distanciation physique de un mètre devront également être respectées dans la gestion des flux en entrée et en sortie des autocars, des établissements et, en leur sein, des salles.
Aussi, je ne pourrais accepter la réouverture des 117 collèges de Haute-Garonne qu’a compter du moment où seront strictement respectées des règles qui posent les conditions matérielles essentielles pour garantir la sécurité sanitaire de tous les usagers des collèges et des transports scolaires.
Enfin, même si ce sujet a été retiré du vote d’aujourd’hui en dernière minute, le gouvernement, sous couvert d’urgence sanitaire, semble vouloir persister à imposer le « tracking », une technique de traçage des individus.
En raison des dangers de ces outils de surveillance en matière de libertés publiques, je ne peux que m’opposer à la mise en place de cet outil. »