Il ne se passe pas une journée où en consultant la rubrique des faits divers ou les sujets de société dans nos divers journaux, on ne soit confronté à ce que l’on appelle avec facilité : les incivilités. On se moque éperdument du grand banditisme ou des attaques de banque qui nous paraissent si lointaines. Ce sont les incivilités qui nous pourrissent la vie au quotidien et qui nous sont devenues insupportables et inacceptables. Il s’agit bel et bien d’insécurité et non de sentiment d’insécurité comme on aimerait nous le faire croire.
Ces manquements aux règles du comportement en société (grossièreté, agressivité, violences…) comme le précise le dictionnaire peuvent finir en catastrophe comme la mort de ce chauffeur de bus qui a perdu la vie pour être intervenu pour un ticket manquant et le refus de porter un masque. Comment peut-on ôter la vie à un être humain, avec un déchainement de violences inouïes, pour de telles banalités, pour le simple fait de refuser de se contraindre à la règle !
Notre société est en complète déliquescence et les choses continuent de s’aggraver sournoisement. Les citoyens qui respectent les règles n’en peuvent plus d’être les témoins impuissants de ces transgressions permanentes qui s’accompagnent le plus souvent de l’inacceptable impunité d’un pouvoir supposé régalien qui a trop fermé les yeux pour des raisons parfois très obscures.
Cette accumulation exaspère même les plus tolérants et les esprits se radicalisent avec les risques que l’on connait tous. Cette impunité réelle ou supposée est devenue un véritable danger dont nos politiques devraient très rapidement prendre conscience pour agir avant que des citoyens exaspérés décident de faire le ménage eux même. La République a comme premier devoir de permettre aux citoyens de vivre en sécurité.
Toute une frange de la population a décidé de s’affranchir des règles communes nécessaires à une vie en société apaisée. Les exemples que nous connaissons tous sont tellement nombreux qu’il est ici impossible d’en faire une liste à la Prévert. Nos montagnes sont devenues des poubelles à ciel ouvert, certains quartiers font à peu près ce qu’ils veulent et les phénomènes de violences envers toute autorité constituée sont monnaie courante. Non seulement on ne respecte plus mais on provoque parfois avec une arrogance intolérable.
Mais alors quoi faire ?
C’est bien sûr aux autorités régaliennes à se pencher urgemment sur ce problème complexe mais qu’on a depuis trop longtemps négligé. Il ne peut semble-t-il se résoudre qu’en s’attaquant à deux angles. Stopper ce sentiment d’impunité qui donne l’impression que certains sont à l’abri des lois. Remettre du sens dans la cohésion de la chaine pénale et appliquer le principe que toute faute mérite sanction dans le respect mais toute la sévérité de la Loi Républicaine fusse-t-il la modifier, comme l’ordonnance de 1945 qu’il est peut être grand temps de dépoussiérer pour nos mineurs qui ont bien changé en 75 ans. Enfin et surtout jouer sur l’éducation pour apprendre ou ré-apprendre le respect des règles de vie en société. Si les parents, parfois défaillants, ont un rôle capital à jouer, c’est aussi le cas de l’éducation nationale qui a souvent oublié qu’avant nationale il y avait le mot éducation. L’école n’est pas juste un lieu de transmission de savoir c’est aussi et surtout un endroit où l’on apprend les règles pour devenir un citoyen avec ses droits mais aussi ses devoirs.
La sécurité ne doit pas être un mot tabou pour l’ensemble de la classe politique si on ne veut pas qu’elle soit traitée que par une seule frange qui se réjouit par avance d’un tel chaos.