Comme il est devenu tradition, Baro d’Evel a donné 2 spectacles en ce week-end du 6 septembre 2020. Cette compagnie, à la réputation internationale qui est installée depuis quelques années à l’ancienne cave coopérative de Lavelanet de Comminges, poursuit sa politique d’implication dans le territoire du Volvestre, en partageant ce qu’ils savent faire le mieux : Le Beau et le Vrai.
Parmi les spectateurs privilégiés, vu le nombre incroyable de passionnés qui n’ont pu avoir de place vu la faible jauge, il y avait un philosophe, chanteur, musicien et poète qui a su retranscrire par un style bien à lui, le ressenti de l’ensemble des personnes présentes. Inutile de donner son nom cela n’aurait que peu d’intérêt et froisserait surement son humilité mais sa sensibilité humaniste et citoyenne ont fait le reste. Vous avez la parole comme on dit dans quelques endroits secrets :
« Samedi soir, le 5 septembre, nous nous sommes rendus, ainsi que 150 autres personnes, à la Cave Coopérative de Lavelanet de Comminges où est installé – depuis 2013 – la Compagnie Baro d’evel, pour honorer l’invitation à un Rendez-vous poétique et inédit. En effet, promesse nous avait été faite de mettre en mouvement un désir de rencontre, autour d’un verre, de la danse, du rire (y compris de nous-mêmes) et de la résistance – à la douleur de l’époque – par la joie de la création et par la poésie. Disons-le d’emblée : la promesse fut tenue, ô combien !, et au-delà de nos espérances.
Tous les membres de cette Compagnie dirigée par les excellents Camille Decourtye et Blaï Mateu Trias ont su nous emporter, dès les premiers instants, dans un univers de musiques, de voix, de couleurs, de matières, de mouvements et d’acrobaties, où tout sonne juste, loin du style prétentieux que beaucoup de troupes contemporaines se croient obligées d’afficher. Ici on ne vous explique pas la vie, on ne vous assène aucune leçon politiquement correcte, on s’abstient de vous suggérer lourdement ce qu’il est bon de croire ou penser.
Non, avec le Baro d’evel, aucune démonstration pseudo-philosophique pesante, vous vous retrouvez au coeur même de la vie : elle s’y exprime dans toute sa beauté poétique, sans geste ou parlote inutile, sans hystérie, mais avec simplicité, profondeur et évidence, à travers des langages étranges qui vous semblent familiers, des rythmes et des voix enfantines terriblement archaïques et modernes à la fois, un humour frais et fraternel, des échappées oniriques qui vous laissent bouche-bée. De l’organisation (parfaite, répondant complètement aux exigences sanitaires de la période) aux quatre spectacles tout à tour présentés, rien n’est laissé au hasard et pourtant tout paraît relever d’une extraordinaire liberté et même, lâchons le mot, d’une indéniable grâce. Ces gens ont le duende, comme l’on dit en espagnol, le feeling si vous préférez : l’écriture de chaque prestation – précise, millimétrée – laisse sa part à l’improvisation, à la recherche personnelle et collective de la justesse de chaque instant, dans une authenticité générale sans faille.
Nous avons souri et ri, nous avons été émus, subjugués, ravis, par la force sereine se dégageant de chaque épisode et de l’ensemble, par la beauté des voix et de la musique, la légèreté et l’audace du funambule, l’amour à toute épreuve et les muscles d’acier du couple de trapézistes, le déploiement inouï d’imaginations créatrices sachant utiliser la spécificité des lieux, notamment les cuves de l’ancienne coopérative. Tout cela servi, faut-il le dire, par l’irréprochable qualité du son et de la lumière.
L’espace de deux heures, en toute convivialité, nous avons retrouvé nos âmes d’enfants. Et dans ce monde ré-enchanté pour notre plus grand bonheur, l’apothéose fut sans conteste le tableau final où, après un joyeux délire collectif savamment mis en scène, vint le moment de la totale complicité de Camille Decourtye avec son magnifique cheval blanc. Un moment de toute beauté, intense, où l’animal et l’humain ne faisaient plus qu’un par la magie du travail, du talent et d’une absolue et douce confiance partagée. Il ne nous restait plus qu’à regagner nos pénates, en rêvant déjà du prochain spectacle de Baro d’Evel, conquis par tant de beauté simple, réconciliés avec le monde et la vie. »