La justice administrative a ordonné au gouvernement de garantir aux détenus de la prison de Seysses près de Toulouse des parloirs permettant d’entendre correctement leurs proches lors des visites.
Depuis l’épidémie de Covid-19, des plaques de plexiglas rendent les visites inaudibles.
Après le recours de cinq détenus de la prison de Seysses contre les parois anti-covid installées aux parloirs, le tribunal administratif de Toulouse a donc ordonné au ministère de la Justice de démontrer que les « conditions acoustiques sont correctes » actuellement dans les parloirs de cette prison, malgré les dispositifs de séparation des personnes installés depuis le début de l’épidémie de Covid-19, ou de rendre ces dispositifs « opérationnels » d’ici deux semaines.
Après l’installation de deux plaques de plexiglas séparant les parloirs en deux zones hermétiquement fermées du sol au plafond, les difficultés pour entendre ce qui est dit ne permettent plus « aux détenus de maintenir les liens personnels et affectifs avec les membres de leurs familles », note également le tribunal dans sa décision datée du 18 février 2021.
Cette décision « pourrait être la première d’une longue série », s’est réjoui l’Observatoire international des prisons (OIP), qui espère qu’elle servira d’exemple à d’autres détenus confrontés à des dispositifs de séparation comparables.
Dans leurs requêtes, les cinq détenus soutiennent que « l’administration pénitentiaire, sous couvert de limiter l’entrée et la propagation du virus dans l’établissement, a mis en place un dispositif visant à limiter le contact entre les détenus et leurs proches dans le but de ne pas avoir à augmenter la surveillance directe et continue des parloirs ».
Recevant depuis des mois de très nombreuses plaintes à ce sujet, l’OIP « salue » la décision du tribunal: « Nul doute qu’elle inspirera des personnes détenues confrontées, dans d’autres établissements, à des dispositifs de séparation similaires ».
La Contrôleuse générale des lieux de privation de liberté (CGLPL) a indiqué récemment recevoir « des lettres, des appels » de proches de prisonniers, qui racontent aussi les cris pour se faire entendre. « Ce ne sont pas des vrais parloirs dans ces conditions », selon Dominique Simonnot.
« Des détenus préfèrent renoncer aux visites, alors que le parloir, c’est tout dans leur vie ». L’Observatoire international des prisons a également fait part de « beaucoup de remontées » des familles.