Parmi les projets développés lors de la campagne électorale municipale figure celui de la construction de 2 cuisines collectives sur chaque groupe scolaire de la commune de Carbonne. Projet qui avant même sa sortie de terre fait beaucoup parler pour son coût/bénéfice. Nous avons donc rencontré Marie Caroline Tempesta première adjointe au maire et en charge de ce dossier.
Question : Comment sont alimentées à l’heure actuelle les deux cantines scolaires de Carbonne ?
Réponse : Nos écoles ne disposant pas de cuisine, nous sommes obligés de faire appel à un prestataire en utilisant la procédure d’appel d’offres. Actuellement c’est la centrale de restauration Martel basée à Rodez qui nous livre chaque jour plus de 500 repas en liaison froide. La liaison froide est un procédé qui consiste à refroidir rapidement les plats préparés et à les conserver jusqu’à la livraison à 0 °C. Au moment du repas les plats subissent un reconditionnement et un réchauffement rapide.
Question : En quoi ce modèle ne convient-il pas pour que la décision ait été prise de le changer ?
Réponse : Des qu’il y a transport les repas doivent être acheminés soit en liaison froide, soit en liaison chaude. Quel que soit le choix, il faut effectuer des manipulations qui modifient le goût de façon notable. De plus, actuellement, la fabrication des plats est effectuée à 200 kilomètres de chez nous ! Par ailleurs les qualités des repas sont une question récurrente des conseils d’école. Nous ne maitrisons ni les achats de produits ni la composition de menus.
Question : Le changement que vous proposez est donc un choix politique au sens noble du terme ?
Réponse : Oui c’est un choix politique humaniste où l’on remet l’humain au centre de nos préoccupations. Il est à la fois régional et local. En tant que conseillère régionale, je suis très imprégnée de la consultation citoyenne que nous avons menée en 2018 dans la région Occitanie et par les grands enseignements que nous en avons tirés. Nous nous sommes engagés à être attentifs à la qualité des produits et à leur provenance mais également à être vigilant sur le gaspillage alimentaire et sur une alimentation respectueuse de l’environnement. Il est donc urgent que nous mettions tout en place pour servir une alimentation saine et durable à nos enfants. C’est effectivement notre choix politique et pour cela, contrairement à ce qui se fait actuellement, nous devons nous-même gérer la production ou la provenance des aliments ainsi que la confection des repas qui seront servis dans l’assiette de tous les élèves du primaire : « Du fait maison ». Nous souhaitons aller au-delà de ce qu’exige la loi EGALIM pour les restaurations scolaires.
Question : On parle de la construction de deux cuisines indépendantes pour chacun des groupes scolaires de la commune. Pourquoi ce choix de 2 puisqu’on suppose que le coût investissement est 2 fois plus important que s’il y en avait eu qu’une ? À combien est estimé le coût de ces 2 constructions ? Combien de repas produits par cuisine ?
Réponse : Nous avons deux écoles et nous voulons un traitement identique pour tous les élèves. Si nous aménageons une seule cuisine, les repas acheminés vers l’autre école devront subir une liaison froide ou chaude avec des conditionnements spécifiques, donc des repas moins goûteux y seront servis. Et pour aller au fond des choses on choisirait laquelle et selon quels critères ?
La construction des deux cuisines est un choix politique assumé du maire et de son équipe municipale qui faisait partie des propositions de la campagne municipale. En ce qui concerne le coût d’investissement réel, on finalise actuellement le marché public. On aura le prix réel à l’ouverture des enveloppes (plus ou moins 1,5 million d’euros) qui sera diminué avec les subventions qui nous seront alloués.
Question : On parle de repas bio et un approvisionnement en circuit court ? Un choix politique intéressant et assumé mais y aura-t-il assez de producteurs locaux et bios pour assurer les centaines de repas /jours à fournir ?
Réponse : Pour élaborer notre projet nous sommes accompagnés par le bureau d’études Terre au Ciel, spécialiste de la permaculture. Les premières études montrent que nous avons des serres municipales et des terrains qui sont tout à fait compatibles avec des cultures maraîchères. Nous souhaitons à terme produire, en régie municipale, la plupart des fruits et légumes qui seront utilisés dans nos cuisines.
Parallèlement nous pourrons nous approvisionner en produits frais locaux via la plateforme digitale Occit’Alim qui a été lancée depuis 1 an par la région Occitanie au bénéfice des restaurants scolaires. Nous aurons également pour l’approvisionnement local Agri local 31 qui a été mis en place par le conseil départemental de la Haute Garonne pour permettre aux producteurs d’accéder plus facilement à la commande publique. Enfin la communauté de communes du Volvestre n’est pas en reste avec le projet alimentaire territorial qu’elle vient de lancer et la contribution d’un partenariat avec les acteurs locaux concernés.
S’il y a une augmentation elle sera raisonnable puisque nous allons en produire une partie en régie. Nous veillerons à diminuer le gaspillage, à adapter les quantités au mieux, à travailler cette question avec tous nos partenaires éducatifs (parents, enseignants, animateurs, agents de mairie…) Nous avons déjà un grand nombre d’agents dans nos cantines, nous n’aurons à embaucher qu’un cuisinier par école.
Concernant le coût il faut savoir qu’un repas coûte à la mairie environ 9 euros et que nous le facturons 3,60 euros aux familles. De plus depuis 2009 nous avons mis en place des tarifs dégressifs pour que tous les petits carbonnais(e) s puissent bénéficier d’un repas chaud et équilibré à midi. Ce dispositif permet d’aider les familles à hauteur de 25 %, 50 % ou 75 % en fonction de leur quotient familial. Ce dispositif qui se veut une équité citoyenne sera actualisé si besoin.
Question : Le bien manger est un acte politique fort. Sera-t-il accompagné d’actes pédagogiques concomitants pour éveiller les enfants à cette nouvelle nécessité ? Les parents y seront-ils également sensibilisés pour avoir une cohérence complète ?
Réponse : Ce projet ambitieux nous allons le construire ensemble, avec les parents, les élèves, les enseignants, la MJC, nos agents et tous nos partenaires seront associés.
Question : La cuisine centrale du SIVOM de Rieux Volvestre qui dès septembre va pratiquer le bio et le circuit court produit environ 600 repas /jour alors que sa capacité de production est plus du double. Pourquoi ne pas avoir fait appel à ce type de structure déjà existante sur le territoire ?
Réponse : Tout simplement parce que nous ne voulons plus de liaison froide ou chaude pour les raisons que je viens de développer. Nous voulons produire les repas sur place.
Question : En conclusion pourquoi un tel projet ?
Réponse : La création de cuisines bio dans nos écoles aura non seulement un impact sur la qualité de l’alimentation, la santé, l’éducation au goût, l’éducation à l’environnement de nos enfants mais aussi un impact économique et environnemental sur notre territoire
Ce sera un encouragement pour les filières agroalimentaires biologiques paysannes, une valorisation des produits du territoire et de la région Occitanie. En réduisant le transport des produits on minimisera l’empreinte carbone mais également nous créerons et qualifierons des emplois sur notre commune.