Une rencontre, des discussions avec une profession mal connue du grand public car agissant dans l’ombre. De femmes et des hommes indispensables à un fonctionnement car ils organisent, parfois avec de très grandes difficultés, le travail de celles et ceux qui sont dans la lumière. Billet d’humeur :
Depuis un peu plus d’un an l’actualité a braqué ses phares sur les personnels soignants des hôpitaux qui ont montré leur grand professionnalisme afin de permettre de sauver le soldat Ryan abandonné sur un champ de bataille dans un mépris le plus absolu. Ils ont empêché que le bateau « Hôpital » ne coule comme un Titanic qui se croyait insubmersible. Ils n’ont pu compter sur une classe politique restée sourde à leur désespérance malgré les nombreux SOS pourtant envoyés depuis des années. Chacun d’entre nous a vu et revu ces images de services de réanimation où des bouses blanches donnaient sans compter. Une fourmilière où chacun est indispensable et où chacun est à sa place avec les ouvrières, les cadres, la reine.
Les soignants ont d’abord été malmenés dans les manifestations où le pouvoir est resté sourd aux revendications pourtant légitimes ne sachant répondre que par des jets de lacrymogènes, des arrestations, parfois des violences.
Pressés par une opinion publique qui a su répondre par les applaudissements du 20 heures et par une tardive prise de conscience, nos dirigeants ont enfin pris un certain nombre de mesures pour améliorer la situation peu enviable de nos soignants surtout lorsqu’on la compare avec les autres pays européens.
C’est là que les technocrates certainement issus de feu l’ENA ont imaginé « Les Ségur de la Santé ». Très rapidement à la lecture du document, nombre se sont émus des nombreuses carences qui y étaient présentes. Même Monsieur Jean Castex Premier ministre disait : « les cadres sont les oubliés du SEGUR je vais me rattraper »
Force est de constater qu’il n’en est rien selon les syndicats qui sont vent debout. « Il n’est pas normal qu’un cadre avec 5 ans d’expérience touche seulement 40 euros de plus que l’infirmière qu’il encadre. »
Visiblement selon les témoignages que nous avons recueillis, on ne s’est pas occupé de la ruche dans son fonctionnement global et indissociable mais seulement de la partie visible de l’iceberg sacrifiant au passage une profession qui a déjà du mal à recruter en raison des difficultés d’exercice. Un travail bien fait et efficace passe par une organisation au cordeau surtout lorsque le manque de personnel est chronique et que les états d’âme sont un lot quotidien ! » Nous articulons en permanence les rouages d’une institution pour l’intérêt du patient ainsi que pour la qualité et la sécurité de son parcours » nous disait l’un d’eux. Mais voilà les cadres n’ont aucun pouvoir de nuisance car on ne les voit et on ne les entend pas contrairement aux infirmiers et infirmières qui brillent aux yeux de l’opinion publique et qui pourraient bien un jour redescendre dans la rue quand la pandémie ne sera plus qu’un mauvais souvenir.
De l’amertume, de la colère, de la désillusion parmi ces cadres de santé sans qui pourtant l’institution « Hôpital » ne peut fonctionner car ils en sont la cheville ouvrière invisible.
« En politique, les promesses se sèment au gré des vents mais ne se récoltent pas… » DESCREA