Les Hydrogéniales ont dessiné l’avenir

Le premier train à hydrogène de France, appelé à s’élancer dans les prochains mois sur la ligne Montréjeau – Luchon, ouvre de fait la voie vers un futur décarboné qui a vocation à se répandre bien au-delà  des Pyrénées commingeoises, des Pyrénées centrales, et de l’Occitanie,  en vérité sur toute la planète. Les Hydrogéniales, entre Gourdan-Polignan et Luchon ce samedi 23 octobre, ont donné le coup d’envoi grand public de cette espérance jusque-là mûrie dans une certaine discrétion.

Les organisateurs de cette journée ont ainsi décidé de révéler au plus grand nombre l’ampleur de leur ambition: « nous avons la certitude que notre train va revenir à Luchon. Ce qui relevait de la conviction, relève aujourd’hui de la certitude » a déclaré Alain Puente, président de la communauté de communes des Pyrénées Haut Garonnaises, ajoutant « nous allons tout mettre en œuvre pour saisir cette opportunité de toutes les façons possibles ».

La production, le stockage et les différents usages futurs de l’hydrogène à l’étude

Effectivement, Alain Puente venait juste de signer avec Stéphane Péré, directeur général de l’Agence Régionale Énergie Climat (AREC), un accord pour un cahier des charges en vue d’une étude d’opportunité et de potentiel concernant les usages de l’hydrogène sur le territoire de 7 communautés de communes, 4 en Haute Garonne (Pyrénées Haut Garonnaises, Cœur et Coteaux du Comminges, Cagire Garonne Salat, Cœur de Garonne) et 3 sur les Hautes Pyrénées (Aure Louron, Plateau de Lannemezan, Neste Barousse).

Cet accord formalisé entre Alain Puente et Stéphane Péré a fait immédiatement suite à la signature solennelle, avec Carole Delga présidente de Région, d’une convention de partenariat entre les sept président(e)s de communautés de communes. Tous veulent de concert profiter de la mise en service du train à hydrogène pour rechercher tous les autres développements possibles de cette technologie émergente. Carole Delga s’est ainsi félicitée de voir « les territoires s’emparer du sujet au-delà des limites départementales pour travailler ensemble sur les usages » démontrant que la « ruralité n’est pas passéiste. Elle conjugue tradition et capacité d’innovation ».

L’Occitanie, première Région de France à s’être dotée d’un Plan Hydrogène Vert

Cette recherche au cœur des Pyrénées centrales découle de l’impulsion donnée par la Région Occitanie. Elle a été la première en France à se doter d’un Plan Hydrogène Vert (à partir d’énergies renouvelables intermittentes comme l’éolien, le solaire ou l’hydroélectricité). Un plan de « 150 millions d’euros engagés dès 2019 » qui pourrait générer plus de 100 000 emplois sur l’Occitanie en 2030.

Les Pyrénées combinent nombre d’atouts soulignés par Carole Delga. La Région Occitanie bénéficie d’un écosystème complet pour soutenir des projets sur l’ensemble de la chaine : production, stockage, distribution et accompagnement des nouveaux usages (train, voitures, bus, etc.…), dans un continuum vertueux facteur de souveraineté énergétique.

L’Occitanie est une région d’importante production hydroélectrique (la 2ème après Rhône Alpes) qui couvre « trois fois les besoins de sa population » selon Sylvain Vidal, délégué régional EDF Occitanie. Cela permet d’envisager d’ici à 2024 la construction d’une unité de production massive d’hydrogène renouvelable. De plus, l’usine Alstom de Tarbes (65) est un pionnier mondial de la mobilité durable avec des innovations de pointe comme le train à hydrogène dont va bénéficier la ligne Montréjeau-Luchon. Les travaux sur cette voie ferroviaire commenceront en 2022. Ils devraient être terminés en juin 2023. Les tests de sécurité se dérouleront en 2024. Le train sera opérationnel et ouvert à la circulation des passagers en 2025.

Des projets déjà avancés

Ce projet de ligne ferroviaire pyrénéenne n’est pas exclusif d’autres initiatives en Occitanie. Un second train à hydrogène va être mis en service entre Alès et Bessèges, dans les Cévennes gardoises.

Ce samedi 23 octobre, les Hydrogéniales ont permis au public de découvrir aussi d’autres projets déjà avancés. Ainsi en est-il des premiers vélos à hydrogène: onze exemplaires ont permis à Carole Delga, accompagnée de Joël Aviragnet et d’une dizaine d’élus, de s’adonner à une randonnée cycliste de bon matin, entre Gourdan Polignan et Loures Barousse (200 exemplaires de ces vélos, assemblés à Labarthe de Neste, ont été déployés en France et à l’international, jusqu’en Corée). La société Pragma Industries de Biarritz (64), qui a conçu ces 2 roues d’un nouveau type, prépare une nouvelle version moins chère (4700 € au lieu de 7000 €), plus puissante, avec une autonomie de 150 kms (au lieu de 50 kms pour les premiers modèles) : 500 exemplaires sont déjà en précommande.

Un projet de construction de 15 bus est en cours avec le fabricant de bus à hydrogène Safra  à Albi dans le Tarn.

La Région a prévu un soutien à l’acquisition de plus de 3000 véhicules à hydrogène (lourds, utilitaires et légers) à l’horizon 2030, dans le cadre de son Plan Hydrogène Vert.

La ligne ferroviaire Montréjeau-Luchon symbole d’un avenir prometteur

La ligne ferroviaire Montréjeau-Luchon, qui fut le symbole de la résistance « aux vents mauvais » lors de sa fermeture, devient ainsi, avec la perspective de sa réouverture, l’expression d’une volonté  capable de tracer son chemin vers un futur qui permet d’avoir foi dans l’avenir des vallées pyrénéennes. Avec Alain Puente, les élus et les habitants du territoire s’interrogent désormais: « comment développer les potentialités de l’hydrogène et proposer des solutions innovantes sur l’ensemble des services, jusqu’aux redéploiements industriels autour de cette énergie du futur, l’hydrogène verte. Demain l’hydrogène fera partie de notre quotidien ».

Sur la ligne ferroviaire Montréjeau-Luchon, le premier train à hydrogène de France prépare un modèle de transition énergétique qui ira bien au-delà du piémont pyrénéen…

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