A l’étage de la maison, l’atelier du peintre, inondé de lumière, face à la chaîne des Pyrénées, regorge de toiles, pinceaux, pots et de tubes de couleurs. L’air embaume la térébenthine, le vernis, le fusain écrasé, l’encre et l’acrylique. Au milieu, la longue silhouette de Bert Wills évolue parmi des œuvres achevées ou en préparation. Le peintre Hollandais de 66 ans s’est installé avec son épouse Nathalie Le More depuis quelques années à Saman.
Il a suivi un cursus artistique à Amsterdam et exercé le métier de professeur. Il y a appris la liberté de peindre et de s’exprimer par ce médium. Laisser le corps parler, être le vecteur entre la pensée et la création sur la toile ou le papier, c’est une recherche que Bert Wills expérimente depuis longtemps. Ses « dessins du matin » en témoignent, exécutés à son réveil, première impression de la journée ou rémanence graphique de la nuit.
Il brosse puissamment des paysages abstraits sur de grandes toiles où la matière prend vie. La connexion avec le climat, les fluides, l’intériorité, la naissance du monde tellurique, irriguent son inspiration. Bert Wills peint des séries, notamment sur le Cagire, mont tutélaire du Comminges, qu’il voit depuis son atelier. Les petites toiles carrées figent une impression, un moment, une lumière, une humeur et la montagne toujours identique n’est jamais tout à fait la même. « Les couleurs successives avec lesquelles je peins ce Cagire que j’aime, sortent du tube telles quelles. J’ajoute juste un peu de blanc. »
Également sculpteur et photographe, Bert Wills, connu internationalement, a exposé l’an dernier à Toulouse. Cet été il a participé à un concours à Luz Saint-Sauveur, lancé par la directrice du centre d’art, sur un thème très particulier. Un pan de la montagne menace de s’effondrer et les artistes étaient appelés à figer ce moment sur la toile. Il a obtenu le 3ème prix avec sa série dédiée, qui sera exposée pendant un an sur place.
Dans sa vie d’homme et d’artiste, Bert Wills est épaulé par Nathalie, expérimentée dans le monde de l’art et fille de la peintre Arlette Le More, détentrice du second prix de Rome en 1953. « Il est important reconnaît Bert, d’avoir un partenaire qui comprend le travail et la démarche. » Très impliquée dans la carrière de son mari, Nathalie, amoureuse du beau langage, traduit au plus juste, avec des mots choisis, les titres des œuvres, et c’est parfois un casse-tête dit-elle en riant.
Bert Wills a des projets d’expositions, conditionnés aux mesures sanitaires en vigueur. En attendant le peintre continue de travailler inlassablement sur le chemin qu’il a choisi, vers sa vérité artistique.