Une dizaine de sans papiers ont été découverts dans un camion par un chauffeur hébété qui n’en croyait pas ses yeux. Quelques moments plus tard c’est un second groupe de migrants errant en bordure de l’A 64 qui ont attiré l’attention des gendarmes du peloton autoroute de Muret. Tous ont été conduits dans les locaux de la gendarmerie pour prendre la décision sur leur avenir. Moment de Vérité où le pire ou le meilleur peuvent arriver.
Des drames humains
Les faits se sont passés le mercredi 1er décembre. Un routier fait une halte sur l’aire d’autoroute du péage de Muret. D’un seul coup, son attention est attirée par du bruit qui provient de l’intérieur de son camion. Nul doute qu’il s’agisse d’êtres humains. Il ouvre la porte et constate la présence d’une dizaine de personnes. La surprise est totale. Ces êtres humains qui sont sans manger, ni boire depuis de très nombreuses heures et sans possibilité de faire leurs besoins avec dignité humaine sont enfermés dans le noir. Ils viennent de mettre un terme à ce qui devenait insupportable en criant. Ne sachant que faire le routier donne l’alerte et la gendarmerie du peloton d’autoroute dont les bureaux sont tout près, arrive sur site. Ces migrants, comme on les appelle souvent avec mépris, sont pris en charge et sont conduits dans les locaux de la gendarmerie pour que les autorités administratives et judiciaires décident de leur sort. L’effroi d’être renvoyé dans leur pays d’origine plane sur ces personnes car le périple qui les a conduits de la corne de l’Afrique à Muret a été long, douloureux, périlleux, épuisant.
C’est pendant le transport des personnes interpellées vers la gendarmerie que les gendarmes voient errer en bordure de l’A 64 un autre groupe de migrants complètement perdus. Ils se dirigent vers la métropole toulousaine lieu où ils auraient pu se cacher plus facilement. Leur voyage va s’arrêter là brusquement, le sort en ayant décidé ainsi. Un eldorado qui s’envole et qui pour la plupart va se transformer en cauchemar.
De la corne de l’Afrique à Muret
C’est la désespérance, les violences, la guerre, la malnutrition qui décident une personne à quitter son pays, sa famille et ses amis car ils n’ont plus rien à perdre, ils ont déjà tout perdu. Quitter son coin de terre c’est juste un acte de survie car, comme nous tous, on est mieux chez soi et auprès des siens. Alors ils partent manipulés par des passeurs avec des économies de toute une vie de l’ensemble d’une famille voire d’un village.
Originaires d’Érythrée ou d’autres pays où la démocratie a oublié de s’inviter, ils partent toujours de la même manière. Rejoindre la Lybie ou la Tunisie où des passeurs peu scrupuleux vont les entasser sur des embarcations de fortune où à chaque instant la mort peut surgir. Pour celles et ceux qui ne meurent pas noyés ou jetés par-dessus bord, c’est l’arrivée sur les côtes italiennes. Pour continuer le voyage, il faut arriver coûte que coûte à Vintimille pour pouvoir passer en France. Quelques larcins pour les plus démunis pour ne pas mourir de faim et pouvoir payer des passeurs qui sauront ouvrir la porte d’un camion symbole d’une liberté qui peut s’avérer devenir une véritable prison.
Un destin à la carte
Dans un contexte sécuritaire aggravé par une campagne présidentielle qui ne parle que des dangers des migrants, chacun de ces femmes et de ces hommes qui ont un prénom, une vie, une histoire va être passé au crible. On va décider de leur sort s’appuyant sur des textes de Loi et leur interprétation. Seuls les mineurs isolés seront préservés en attendant leur majorité, date à laquelle ils auront toutes les chances d’être expulsés. Pour les autres ce sera un retour au pays avec toutes les conséquences qui vont avec, ou possibilité pour un tout petit nombre de faire une demande d’asile qui pourra être acceptée ou refusée.
Pour nous un fait divers comme les autres dont on ne se souviendra même plus dans 24 heures. Mais pour ces personnes une vie qui bascule, un destin qui se brise et l’espoir d’une vie meilleure où l’on peut s’endormir sans peur de mourir à chaque instant qui vole en éclat. La peur, le désespoir, la solitude qui deviennent un compagnon de route avec une désespérance qui s’installe. Et cette grande faucille qui à tout moment peut décider de leur sort… Nous sommes tous des êtres humains, ne l’oublions jamais.