Au début du mois, la prison de Muret a reçu la visite de la Ministre du Travail Elisabeth Borne, et du Garde des sceaux Eric Dupont-Moretti. Dans un contexte épineux, (en raison de l’engorgement carcéral des centres de Muret mais surtout celui de Seysses, et d’une grogne ambiante contre le projet de 3ème prison à Muret), les ministres ont accompli cette visite dans le cadre d’une réflexion sur la réinsertion des détenus par le travail. A cette occasion ils sont allés à la rencontre des entrepreneurs partenaires.
Le sénateur de la Haute-Garonne, Pierre Medevielle de Boulogne-sur-Gesse, était du voyage :
« Le travail en centre de détention a plusieurs buts, relève le sénateur. D’abord donner une formation qui favorisera la réinsertion et la resocialisation de ces personnes. Ensuite, c’est une activité qui rythme la journée, qui donne un but et qui structure. En discutant avec les détenus, le leitmotiv, surtout chez les jeunes, c’est décrocher une deuxième chance. »
Pour nombre de détenus, ce travail permet de retrouver de l’autodiscipline, de la rigueur, assumer des responsabilités. C’est aussi la possibilité de « cantiner », de subvenir aux besoins de la famille, de rembourser, etc. Mais surtout de garder un lien avec le monde extérieur, d’acquérir une crédibilité et une dignité indispensables à la réintégration sociale.
Bien qu’elles n’y soient pas tenues, les prisons s’efforcent de proposer du travail aux détenus qui le souhaitent. De plus en plus d’entreprises signent des partenariats avec les centres pénitentiaires, où la main-d’œuvre est disponible et peu chère. Des associations, comme le GREP (groupe pour l’emploi des probationnaires), apportent un soutien aux détenus à leur sortie.
Le travail en prison est soumis à 3 régimes en vigueur :
- Le service général, les détenus s’occupent de l’entretien et du fonctionnement courant de l’établissement
- Activités productives dans le cadre de la Régie des établissements pénitentiaires
- Activités productrices dans le cadre de concessions signées avec des entreprises
Le Garde des Sceaux a confirmé le projet de construction d’une troisième centrale en Haute-Garonne. A ce propos, le sénateur Pierre Médevielle rappelle que le Comminges serait une place idéale pour un nouvel établissement pénitentiaire.
« La population carcérale serait délocalisée sur le sud du département. Saint-Gaudens bénéficie d’un tribunal, ajoute le sénateur, bien qu’il n’ait jamais rouvert complètement. Des accords ont été conclus entre le Ministère de la Justice et l’Éducation Nationale notamment, et nous discutons avec le Gouvernement pour obtenir un poste de juge des enfants. On parle de justice de proximité, mais sur le département de la Haute-Garonne le compte n’y est pas, en raison de ce déséquilibre des territoires. Les justiciables du Comminges qui doivent se rendre à Toulouse perdent des journées entières, il faut aussi remédier à cela. De manière globale, l’implantation d’une centrale apporterait de multiples bénéfices à notre région. »
Alors la troisième prison sera-t-elle Commingeoise ou Murétaine ? Affaire à suivre.
NB : Le Gouvernement informe que l’Agence du travail d’intérêt général et de l’insertion professionnelle (ATIGIP) a créé l’an dernier un label sur des produits et services réalisés en prison. « Le label PePs permet cette réalisation de produits et services pour des entreprises partenaires et labellisées. Grâce à cette initiative, les personnes détenues réalisent un travail formateur dans des conditions responsables. Le but : revaloriser l’image du travail pénitentiaire, favoriser l’insertion professionnelle et lutter contre la récidive. L’occasion de mettre également en avant les acteurs qui proposent du travail dans les centres pénitentiaires. »