La Ressourcerie à Aspet en 2022 : quel avenir ?
Avec cette engagement remarquable des adhérants de l’association La sève depuis 2007, plus qu’un lieu de collecte de vêtements destinés au rebus, la Ressourcerie s’est inscrite dorénavant parmi les incontournables de cette petite localité du Comminges. De par sa configuration de convergences de l’économie locale avec ces deux marchés hebdomadaires, Aspet demeure un lieu de rendez-vous nécessaire avec son marché et le détour vers la Ressourcerie dans la même mobilisation matinale, entre convivialité autour de la collecte de vêtements et les commissions.
La crise sanitaire n’a pas épargné ce lieu de ressources bien réelles que peuvent y prélever les habitués de la Ressourcerie ou autres passants. Au-delà de la situation économique difficile pour une partie de la population, la réutilisation de vêtement est pour beaucoup un acte engagé, préoccupés par les conséquences de la pollution générée par la fabrication délocalisée, et l’exploitation humaine liée aux conditions esclavagiste des modes de production dans les pays émergeants.
Pour rappel, La Ressourcerie est une émanation de l’Association La Sève qui programme également La foire bio à Arbas. Fin 2007 la Ressourcerie s’est installée dans les lieux, pour ouvrir régulièrement les mercredi et samedis matins en 2008 jusqu’au confinement décrété en 2020.
La fermeture de la Ressourcerie dans le cadre du confinement coïncide avec le projet de réhabiliter des locaux avec le soutien de la Municipalité, lesquels ne répondant plus aux normes de sécurité. La réponse possible en attendant depuis les réouvertures occasionnelles fut de faire un déballage sous le préau de l’ancienne école.
Ce lieu se situe dorénavant à la confluence de trois questions : soit la réhabilitation du local ou le déménagement, l’importance croissante de dépôts de vêtements du fait de la consommation effrénée par l’effet de mode, d’achats compulsifs, et la difficulté d’une gestion sérieuse du rebut dans le cadre exclusif et méritant du bénévolat.
Depuis nous avons connaissance dorénavant de la circulation de ces vêtements récupérés, cédés à des structures intermédiaires à savoir le fait d’en retrouver une partie sur des marchés africains et les invendus sur les plages de l’Océan Pacifique. Est-ce qu’à un moment la gestion de ce rebut de la consommation de vêtement en augmentation constante pourra encore longtemps être prise en charge par le seul bénévolat dans le cadre associatif ?
Nous avons localement une ressource pour longtemps inépuisable qui mériterait une autre destination que celle de se retrouver sur les bords de mer. Pour une partie reprise en seconde main, la majorité des vêtements est récupérée par une société qui exporte sur l’Afrique. Dans les opérations de soutien aux créations d’entreprises du canton, est-ce qu’il pourrait se projeter une transformation locale de cette matière première recyclée en matériaux isolants par exemple ?
L’importance du sujet interpelle nos élus locaux. Il laisse présager qu’à un moment ou un autre, cette question du gâchis lié à la consommation de masse du vêtement s’inscrira sérieusement dans un circuit économique valorisant et local, en créant de l’activité rémunérée, de l’insertion professionnelle, pour une destination dans un usage vertueux, du matériel d’isolation ou du reconditionnement par exemple. En attendant il y a urgence pour trouver un local à la hauteur d’une question qui impacte le Monde entier, une solution digne en considération de ces bénévoles qui jusque là ont porté l’histoire à mains nues