Le binôme médecine de ville – médecine hospitalière a fait l’objet d’un point presse à la Maison de santé de Saint Gaudens ce mercredi 20 avril, avec Carole Delga, présidente de la Région Occitanie, Magali Gasto-Oustric, présidente de la Communauté de Communes Cœur et Coteaux du Comminges, Jean-Yves Duclos, maire de Saint Gaudens, Joël Aviragnet, député du Comminges et du Savès, Vincent Bonnet, cardiologue et Marie-Agnès Faye-Pichon, médecin généraliste.
Au programme : le groupement d’intérêt public (GIP) créé par la Région pour lutter contre la désertification médicale, la future Communauté Professionnelle Territoriale de Santé (CPTS) destinée à regrouper les professionnels du monde médical sur le territoire afin de répondre à leurs problématiques spécifiques, les très sensibles relations financières avec les services de l’État, et aussi la formation des jeunes commingeois aux métiers de la santé.
«Nous mettons tout en œuvre pour garantir le droit fondamental à la santé» a déclaré Carole Delga.
Un GIP pour recruter des médecins salariés
Le Conseil régional a créé un GIP (Groupement d’Intérêt Public) pour recruter des médecins salariés, en partenariat avec les intercommunalités et les communes, dans la perspective d’un service public régional de proximité complémentaire de la médecine libérale. Cœur et Coteaux du Comminges a été la première communauté de communes à adhérer à ce projet, en créant deux maisons de santé, l’une à Saint Gaudens et l’autre à Montréjeau. Le GIP est une structure régionale qui évite une éventuelle concurrence entre communautés de communes en harmonisant notamment la grille des rémunérations. Le GIP rémunère les médecins, une partie est remboursée par la sécurité sociale et le solde de 30% est comblé par la Région et la communauté de communes.
Une CPTS pour relier les professionnels de santé et coordonner l’exercice de leurs métiers
En parallèle à la création du GIP, la future CPTS (Communauté Professionnelle Territoriale de Santé), encore en gestation, reliera la médecine de ville et la médecine hospitalière, de Cazères à Luchon, avec des professionnels salariés et libéraux de toutes spécialités, pour une pratique suivie et coordonnée des soins qui se réalisera pleinement avec la création d’un livret médical de santé individuel partagé entre soignants, sous réserve de l’accord préalable du patient.
Une synergie entre médecine de ville, maisons de santé et centre hospitalier
Les promoteurs de ces deux structures se rejoignent sur un même constat, la nécessité d’une synergie attendue et incontournable entre médecine de ville, maisons de santé et centre hospitalier. «Il faut bien être conscient de la complémentarité entre maison de santé et hôpital. Si l’un des deux est fragile, c’est toute l’offre de soins à la population qui est fragilisée. Vous ne pouvez attirer des médecins que si vous avez un hôpital de qualité parce que tout ne peut pas se soigner avec la seule médecine de ville» insiste Carole Delga qui demande à ce que l’État tienne ses engagements. Un sujet de crispation dont elle va s’ouvrir au nouveau directeur de l’Agence régionale de santé (ARS), Didier Jaffre, qui vient tout juste de prendre ses fonctions.
Un État sommé de respecter ses engagements
L’État s’était engagé à prendre en charge 33% de l’emprunt de 30 millions d’euros contracté pour réaliser les travaux sur le site hospitalier unique de Saint Gaudens: «aujourd’hui on est à 15%, c’est-à-dire que l’on est loin du compte» constate la présidente de Région. Et ce n’est pas tout, Carole Delga poursuit «. ensuite, il y a la revalorisation des salaires du personnel soignant, que l’on a tous soutenue, mais elle n’est pas compensée dans sa totalité par l’État qui s’y était pourtant engagé: il manque 1 200 000 € par an alors qu’il nous avait été dit que cette revalorisation serait compensée à l’euro près. C’est énorme, c’est l’équivalent de la somme que la Région donne pour l’ensemble des formations des aides-soignants et infirmiers sur l’ensemble du territoire de la communauté de communes». Et cela, «chaque année, souligne Jean-Yves Duclos. Nous demandons qu’il soit versé un montant égal au montant de la revalorisation que l’État a décidée et qu’il doit prendre en charge».
Joël Aviragnet précise «dans l’hémicycle de l’Assemblée nationale le gouvernement a dit que cette revalorisation serait compensée. Voyez ce que cela donne…Il va falloir se mobiliser».
Jean-Yves Duclos annonce de surcroît «des travaux de modernisation à réaliser à l’EHPAD Orélia, et là aussi il y a des sommes que l’on attend de l’État. Elle mettent du temps à arriver, ce qui pose des problèmes de mise aux normes de l’établissement».
Carole Delga ne transige pas: «avec l’ensemble des collectivités locales, avec toute la communauté médicale, nous nous sommes beaucoup battus pour l’avenir de cet hôpital. Aujourd’hui, on ne peut pas accepter que son équilibre soit mis en cause pour un manque de dotations et un non respect des engagements de l’État».
Le recrutement de médecins salariés au sein de maisons et centres de santé pour lutter contre la désertification médicale et la volonté de maintenir un hôpital de qualité facteur d’équilibre entre soins de premiers et de seconds recours sont un prélude à l’ouverture d’autres chantiers au nom de «la lutte contre le déterminisme social» selon l’expression de Carole Delga, notamment dans le domaine de la formation.
Une préparation aux métiers de la santé au lycée Bagatelle
Carole Delga: «il faudra négocier avec le rectorat une formation spécifique au lycée Bagatelle de Saint Gaudens pour la préparation aux métiers de la santé, un sujet qui pourra aussi être développé dans le cadre de campus connectés». L’objectif est de préparer à ces métiers (aide-soignant, infirmier, kinésithérapeute, médecin…) les lycéens saint gaudinois qui en expriment le souhait et en ressentent la vocation ; «c’est important» assure la présidente de région.
Elle rappelle que «l’école d’infirmier et d’infirmière de Saint Gaudens a été créée parce que nous avions constaté que quasiment aucun élève de l’école d’infirmier et d’infirmière de Toulouse n’était originaire de Saint Gaudens». La raison d’être initiale de la création de cette école saint gaudinoise, à savoir rapprocher la formation en soins infirmiers du vivier commingeois, est percutée par «Parcoursup» qui met les aspirants du crû en concurrence avec les candidats venus d’autres horizons.
L’Institut de formation d’aides-soignants de Saint Gaudens et le gâchis de «Parcoursup»
Carole Delga fait grief à la plateforme web dite «Parcoursup» de briser depuis 2018 le lien des étudiants avec leur territoire d’origine, et même avec leur vocation première. «Parcoursup» sélectionne en effet des étudiants en soins infirmiers de toutes origines géographiques pour qui Saint Gaudens n’est pas forcément le premier choix, et la plateforme peut même retenir par défaut des jeunes qui n’ont pas classé en priorité le métier d’infirmier… Résultat: jusqu’à 40% d’abandons en raison du manque de véritable motivation pour la spécialité ; et ceux qui vont jusqu’au terme des études repartent dans leur région d’origine. «On se battra dans les prochains mois pour obtenir des aménagements de Parcoursup» annonce Carole Delga qui veut renouer le lien de l’Institut saint gaudinois avec son territoire et avec la vocation de ses élèves.
Ainsi donc, avec le GIP et la lutte engagée contre la désertification médicale en Comminges, avec la CPTS et la perspective de coordination des pratiques professionnelles de Cazères à Luchon, avec la consolidation des acquis du centre hospitalier de Saint Gaudens, avec les innovations envisagées pour la préparation aux métiers de la santé au lycée saint gaudinois de Bagatelle, avec les modifications souhaitées de «Parcoursup», les élus et les professionnels de la communauté médicale œuvrent de façon conjointe et volontariste à de grands chantiers de structuration opérationnelle de la médecine en Comminges. Autant de dossiers aussi délicats qu’urgents pour la population et pour toutes les parties concernées. Le nouveau directeur très attendu de l’ARS Occitanie ne va pas manquer d’être fortement sollicité et attentivement écouté.