Dans la salle communale d’Alan, lors du vide-greniers du dimanche 1er mai, une exposition très particulière a attiré un public nombreux. Y étaient affichés des dessins à l’encre noire sur fond blanc, étonnants, puissants, évocateurs. Ce sont des reproductions grand format de sujets créés par Sacha Gourdin, soit au pochoir soit selon la technique de la linogravure.
A tout juste 15 ans, Sacha Gourdin maîtrise cet art avec maturité. Scolarisé au lycée des Arènes à Toulouse en arts appliqués, il puise son inspiration à diverses sources, notamment chez l’artiste britannique de street art Banksy.
« Je suis très touché par son travail, par son message de contestation. Il dénonce les injustices qui règnent dans la société et qui ne sont pas forcément relayées par les media courants. En mettant l’art dans la rue, il trouve le moyen de toucher le gens directement. De plus, tout le monde n’a pas la possibilité d’accéder à la culture, dans des lieux où il faut payer. C’est une manière démocratique de porter l’art vers le plus grand nombre. La rue devient un musée, un vecteur artistique.
Avec son copain Ismaël Douchy, ils viennent de créer une marque, Brokk Bigcartel, dans le but de sérigraphier leurs créations sur des objets, des vêtements, et de les commercialiser. Les modèles sont dessinés sur une plaque de lino, puis gravés à la gouge. Ils sont ensuite enduits d’encre d’imprimerie avec un rouleau, pour en faire des tirages limités. Les deux amis se rencontrent régulièrement pour travailler ensemble. Ils ont imaginé un logo très original, un personnage stylisé à tête de télé. « C’est une métaphore de l’omniprésence et l’omnipotence des écrans dans notre société. Être toujours scotché devant c’est se tirer une balle dans le pied, avaler un message uniforme et abrutissant. »
« La linogravure est pour l’instant une première étape dans la réalisation de notre projet. Dès que nous aurons le budget suffisant, nous passerons à la sérigraphie. » Les idées fourmillent dans la tête de ces deux adolescents talentueux et entreprenants. Décidément, Corneille avait bien raison d’affirmer qu’aux âmes bien nées, la valeur n’attend pas le nombre des années.