Interview de Céline Laurenties assistante parlementaire du sénateur Pierre Médenvielle, conseillère départementale avec Jean Yves Duclos et maire de Peguillan depuis 2020. Elle vient de rejoindre le parti « Horizons » de l’ancien premier ministre Edouard Philippe. Une candidature de la droite républicaine face au député sortant de la gauche unie (Nupes), d ‘une candidate dissidente Annabelle Fauvernier (EELV/Insoumis) et de Loïc Delchard (RN) (*)
Céline Laurenties qui êtes vous?
J’ai 48 ans et je suis mariée. Je suis Conseillère départementale du canton de Saint-Gaudens, en binôme avec Jean-Yves Duclos, depuis 2015 (nous avons été réélus en 2021) et Maire de Péguilhan depuis 2020. Sur le plan professionnel, je suis assistante parlementaire du Sénateur Pierre Médevielle depuis 2014 ce qui me permet aujourd’hui d’avoir une très bonne connaissance du travail parlementaire ou de la façon d’interagir avec les cabinets ministériels. Avant cela, j’ai été, durant plus de 15 ans, la Secrétaire générale de la Mairie de Boulogne-sur-Gesse. Un métier passionnant, concret, varié où l’on se remet quotidiennement en question. Sur un plan plus personnel, j’aime pouvoir passer du temps avec mes proches, en famille. J’ai la chance de toujours avoir ma grand-mère paternelle et je profite de chaque moment passé avec elle. Plus jeune, j’ai fait partie de plusieurs associations locales et je reste toujours très attentive à toutes les initiatives des associations locales car leur rôle social et d’animation est essentiel pour nos territoires ruraux. Lorsque mon emploi du temps me le permet, j’aime également profiter des Pyrénées. Si je fais moins de ski ou de randonnées que lorsque j’étais un peu plus jeune, j’apprécie toujours de pouvoir passer une journée « détente » dans nos vallées.
Vous n’avez précédemment appartenu à aucun parti politique avant de rejoindre le parti « Horizons » d’Edouard Philippe, homme d’avenir pour la droite républicaine dit-on. Pourquoi ce choix?
Quand j’ai décidé de franchir le pas et de me présenter pour la première fois à une élection en 2015, je n’ai pas jugé indispensable de prendre la carte d’un parti car je pense que l’action locale se suffit à elle-même pour être efficace. Mais il me semble que lorsque l’on a la volonté d’être parlementaire, de se faire entendre au niveau national, de défendre à Paris son territoire, appartenir à une formation politique nationale est une force, un atout supplémentaire en terme de connexions, de soutien et vous donne plus de visibilité. J’ai donc effectivement fait le choix de rejoindre Horizons, le parti créé à l’automne dernier par Edouard Philippe, l’ancien Premier ministre. Je partage avec lui, qui est maire du Havre, ce goût pour l’action publique et l’ancrage local. Je me retrouve également dans les valeurs républicaines de ce parti, dans son attachement à notre culture et notre histoire, mais aussi dans cette volonté de transformer le pays pour faire face aux enjeux à venir qu’ils soient écologiques, économiques ou sociaux.
Comme les autres candidats, vous souhaitez défendre les intérêts du Comminges Saves, en quoi votre engagement sur ce territoire bien différent sur nombre d’aspects diffère-t-il?
Ce qui me frappe le plus depuis quelques années, et encore plus depuis le début de cette campagne, c’est le nombre important de Commingeoises, de Commingeois, de Savésiennes et de Savésiens qui me disent : « On n’est pas entendu à Paris. Là-haut, on n’existe pas ! Les politiques nationales ne tiennent pas compte de notre réalité, de ce que l’on vit, nous ici, dans nos campagnes et dans nos petites villes. » Et ça, je l’entends aussi bien à Rieumes ou à Cazères, aux portes de l’agglomération toulousaine, que dans le luchonnais ou le saint-gaudinois. Ce déficit de représentation, il est frappant et je le partage. C’est la raison première de mon engagement dans cette élection. Si je veux être Députée du Comminges et du Savès, c’est parce que je veux porter la voix du Comminges et du Savès, de celles et ceux qui y vivent, dans l’hémicycle de l’Assemblée nationale, dans les cabinets ministériels et dans les administrations centrales. Je ne suis pas naïve, je sais qu’il faut parfois élever la voix pour se faire entendre et forcer des portes pour qu’elles s’ouvrent. Mais c’est justement parce que je ne suis pas naïve que je sais aussi que les portes s’ouvrent plus facilement lorsque l’on fait partie de la majorité présidentielle plutôt que lorsque l’on est dans l’opposition politicienne stérile.
Étant candidate de la majorité sortante, vous êtes tributaire du bilan du quinquennat et de ses propositions. En ce qui concerne les déserts médicaux, sujet très préoccupant sur la 8° circonscription qu’est ce qui a été fait jusqu’à maintenant par la mandature sortante et comment voyez vous l’avenir en la matière? Qu’entendez vous par régulation des médecins?
Le problème des déserts médicaux, un véritable problème, ne date pas d’hier, ni même de ces cinq dernières années. Lorsque j’étais Secrétaire générale de la mairie de Boulogne-sur-Gesse, j’ai travaillé sur l’ouverture de la maison de santé locale, justement pour essayer de répondre à cet enjeu, et c’était il y a une dizaine d’années. A cette époque, sous la gouvernance de François Hollande et de sa majorité à laquelle appartenait le député sortant et celle qu’il a remplacée, rien n’a été fait au niveau national pour résoudre ce problème de désertification médicale. Sur les cinq dernières années, la fin du numérus clausus (mesure limitant le nombre d’étudiants pouvant poursuivre leurs études pour devenir médecin) a été adoptée. Ainsi ce sont chaque année 1 000 médecins supplémentaires qui sont formés. Si cette mesure avait été décidée dès 2012, notre pays compterait aujourd’hui 10 000 médecins supplémentaires. L’État a également activement soutenu l’ouverture de maisons de santé (2000 en 5 ans) et le remboursement des e-consultations a été acté en 2018. Bien sûr, former des médecins, compte tenu du nombre d’années d’étude nécessaires, cela prend du temps. Et il faut continuer d’agir. La santé, avec le pouvoir d’achat et la transition écologique, fait partie des trois priorités du Président de la République et de la nouvelle Première ministre. Tant mieux, parce que sur la question spécifique des déserts médicaux, nous devons aller plus loin. Je suis favorable et soutiens une mesure forte : la régulation de l’installation des médecins en concertation, bien sûr, avec les professionnels de santé. Qu’est-ce que cela signifie ? Prenons l’exemple des pharmacies. Aujourd’hui l’État veille à ce que le maillage territorial en pharmacies soit juste et équilibré. Que chaque Française ou Français, où qu’elle ou il vive, puisse avoir facilement et rapidement accès à une pharmacie. Je souhaite que l’on s’inspire de ce système pour nos médecins afin de parvenir au même résultat de maillage territorial, juste et équilibré.
Concernant les retraites vous indiquez « Sauvegarder notre système de retraite » Cette sauvegarde comporte t elle l’augmentation de l’âge de la retraite à 65 ans qui fait tant débat? Est ce tenable socialement ?
Sur la question des retraites, pour moi l’une des priorités est effectivement de sauvegarder notre système solidaire par répartition et de garantir à tous les retraités le montant des pensions et leur versement. Je ne veux pas d’un système par capitalisation uniquement où seuls ceux qui auront eu les moyens de cotiser durant leur vie professionnelle, auront droit à une retraite confortable et les autres rien ou si peu. C’est une question de justice sociale.
Mais sauvegarder notre système de retraite actuel alors que nous vivons plus longtemps et que nous comptons de plus en plus de retraités pour un même nombre d’actifs (ce sont les cotisations des actifs qui permettent de financer les pensions des retraités), nécessite de faire évoluer les critères de notre système actuel. Partant de là, le Président de la République propose aujourd’hui d’arriver progressivement à un âge de départ à 64 ans en 2028. Il insiste sur le fait qu’il s’agit d’une proposition. Pour moi, il est évident que cette proposition doit être débattue par les partenaires sociaux : les syndicats, les représentants du patronat et pourquoi pas même élargir le débat aux citoyens. Cette proposition permettrait en outre de faire en sorte que toutes les personnes éligibles à taux plein puissent bénéficier d’une pension minimale de 1100 euros. Ce qui est loin d’être le cas aujourd’hui.
Enfin la pénibilité de certains métiers (ouvrier agricoles, travaux de nuit ou dans des conditions difficiles, etc.) ainsi que les carrières longues doivent absolument être prises en compter et bénéficier de régime dérogatoire, notamment sur l’âge du départ.
Si vous êtes élue député vous devrez quitter votre mandant de maire . Un crève coeur venu de la loi Notre ?
Si j’avais été Députée à l’époque où cette loi a été votée, sous François Hollande, je ne l’aurais pas votée. Ou tout du moins pas votée en l’état. Je pense que si le cumul Maire-Parlementaire est compliqué à tenir quand on est Maire d’une grande ville, ce n’est pas forcément le cas pour lorsque l’on est Maire, comme c’est mon cas aujourd’hui, d’un village. Si je suis élue Députée, je respecterai la loi et je quitterai donc mon mandat de maire, mais je resterai bien évidemment Conseillère municipale et continuerai de travailler avec l’équipe municipale au service des Péguilhanaises et des Péguilhanais.
Mentionnons que l’idée de la « régulation des médecins » avait été rejetée par la majorité sortante.
(*) Candidats 8° circonscription
Céline Laurenties (Horizons/Majorité présidentielle) ; Joël Aviragnet (PS/Nupes) ; Martine Guiraud (LO) ; Simon Moncasi (Parti animaliste) ; Loïc Delchard (RN) ; Yves Riere (Reconquête); Annabelle Fauvernier (EELV); François Harari (L’Appel au peuple)., Wilfried Serre (Résistons). Amélie Bailly (Debout La France); Vartan Karnikian (SE)