14 juin 2022
C’est la totalité des aides soignantes de l’EPHAD Orée du bois de Rieux qui se sont mis en grève pour exprimer leur ras le bol d’une situation qui est devenue intenable à leurs yeux. La moitié d’entre elles ont été requises par la présidente du CCASS pour assurer la continuité des soins.
Du jamais vu à l’EPHAD de Rieux Volvestre, les aides soignantes grévistes se sont installées en face du parking de l’établissement sous un barnum pour montrer au public que maintenant cela suffit et que la coupe est pleine. Sur le derrière de leur blouse blanche on peut lire « Soignants épuisés en grève » Elles sont soutenues par le syndicat « Sud » et Véronique Sajus la représentante départementale a fait le déplacement pour les soutenir.
Au milieu du personnel où les échanges vont bon train
Les revendications que nous avons entendues ne parlent pas d’augmentation de salaire qui n’est visiblement pas la priorité. Elles portent essentiellement sur les conditions de travail qui sont devenues insupportables selon nos interlocutrices. Epuisées moralement et physiquement, les aides soignantes ne peuvent plus assurer une qualité de soins auprès des résidents et des personnes en fin de vie. « On n’arrive même plus à s’auto-remplacer » dira l’une d’entre elles. « On nous avait promis deux aides soignantes supplémentaires et l’on attend toujours… « En plus deux d’entre nous viennent de démissionner et elles ne sont toujours pas remplacées… J’en peux plus » D’autres, encore «On est toutes tendues et l’ambiance n’est pas bonne. Dans les réunions on ne sent pas écouté et entendu… On propose des solutions d’urgence pour palier au sous effectif et cela reste sans réponse comme par exemple que les infirmier(e)s nous aident le matin pour faire les toilettes. On n’arrive plus à faire les douches et l’on doit se contenter des toilettes simples. Une résidente n’a pas eu de douche pendant 3 semaines… On nous a fourni du matériel très performant mais on ne peut sans servir par manque de temps».
Et la liste à la Prévert est loin d’être close. Un besoin de parler, d’être entendu et compris et que tout le monde sache ce qui se passe derrière les murs de l’Ephad de Rieux… comme dans nombre d’autres Ephad d’ailleurs…
Deux mondes difficilement conciliables
Nous avons rencontré au sein de l’établissement monsieur le Directeur de l’Ephad et madame Vezat maire de Rieux qui est es- qualité présidente du CCASS de la commune. Ils ont tous deux pleinement conscience de la difficulté de la situation des Ephad en France en général et de celui de Rieux en particulier qui n’échappe pas aux difficultés. « Nous avons 2 moyens de recettes l’ARS et les familles… Nous sommes un établissement public qui n’a pas vocation à faire des bénéfices mais à équilibrer les comptes… Toute dépense supplémentaire doit correspondre à une augmentation des recettes. Nous sommes un établissement parmi les moins chers mais malgré tout nous arrivons à 2000 euros par mois…On se bat tous les jours pour obtenir des recettes supplémentaires autre que les familles mais c’est très compliqué et une lutte incessante… Fin 2021 un poste a été créé, un autre le sera en 2022 mais les fonds ne sont toujours pas arrivés… On rêve tous d’un soignant pour un résident mais la réalité est autre. Nous sommes actuellement à 0,6 et on devrait passer avec ces embauches à 0,73 »
Comment concilier des revendications légitimes d’augmentation d’effectifs voulue par les personnels pour pouvoir faire leur métier dans des conditions dignes et respectueuses des résidents et la gestion budgétaire qui a des contraintes sauf à augmenter significativement le prix journée des résidents ? Quant à la bonne ambiance au sein de l’établissement elle dépend aussi de relations saines entre la direction, l’encadrement et les personnels et selon ces derniers, le compte n’y est pas encore tout à fait. Des personnels très motivés qui semblent vouloir s’inscrire dans la durée pour continuer leur mouvement. Le prochain aura lieu dans les même conditions jeudi 16 juin 2022
