La programmation de la 15° édition du festival du conte en Volvestre effectuée avec talent par Pierre Ricard de l’association « Et Cric et Crac au bout du conte » avait coché Olivier de Robert pour la soirée conte de Gensac sur Garonne.
Une place de village à l’ancienne, ombragée par des marronniers centenaires, rend le lieu propice à ce type de manifestation. Avec une logistique assurée d’une main de Maître par la mairie, l’association Gensac Art et la rôtisserie de Véronique et Jean Eudes Devic Roujas, la soirée ne pouvait être que belle.
Il ne manquait plus que le talent du pape des conteurs ariégeois Olivier de Robert qui a remplacé la fumée blanche du concile par les brumes du col de Port! Grand héritier des conteurs de villages cultivant la tradition orale et disciple du célèbre Henri Gougaud, cet artiste est aussi écrivain, romancier, ancien accompagnateur de montagnes et historien. Il pratique avec aisance et bonheur le récit historique qu’il apprécie particulièrement: Jaurès, le destin inachevé des Cathares figurent parmi ses best sellers.
Partout où il se trouve un Ariégeois reste un Ariégeois surtout en Haute Garonne. Pour cette soirée Olivier de Robert a choisi son spectacle « D’ici »… Ou les tribulations d’un Ariégeois en Ariège. Ce conte, qui ressemble beaucoup à une personne qui existe, raconte l’histoire d’un Ariégeois qui croyait appartenir de fait à ce territoire aux fortes traditions ancestrales mais que le hasard de la vie avait fait naître à Paris ! Est-on ariégeois quand on est né à Paris ? Durant tout le spectacle cet enraciné des montagnes d’un département pas tout à fait comme les autres va devoir prouver qu’il est bien du clan même s’il est né ailleurs ! Tour à tour enflammé par le rire ou l’émotion, Olivier de Robert nous transporte dans son monde si particulier où dérision, double sens, humour nous emporte avec délectation. « Cette quête de volem viure al païs parle à tous ceux qui ne sont pas d’ici mais voudraient en être, ceux qui sont de là-bas et qui se retrouvent ici, ceux qui sont d’ici mais aimeraient être là-bas et ceux qui ne sont ni d’ici ni d’ailleurs et d’ailleurs pas de là-bas, mais seront ici par hasard »… Être né quelque part, Pour celui qui est né, C’est toujours un hasard chantait Maxime Le Forestier.
Olivier de Robert c’est une présence scénique incroyable. Il a cette faculté d’accaparer son public qui lui prête ses oreilles et de l’emporter loin des soucis quotidiens et de cette télévision néfaste faite d’immédiateté et de transmission de peur qui détruit tout sur son passage.
« D’ici » est un spectacle bien en place qui touche et qui émeut au-delà des rires provoqués. C’est un tonnerre d’applaudissements qui a récompensé ce conteur décidément pas tout à fait comme les autres. Il n’est pas de tradition dans le monde du conte de distribuer des oreilles ou des queues pour dire que l’on est satisfait de la prestation mais le sourire des braves gens présents et leurs commentaires entendus lors des grignoteries de fin de spectacle offertes par la municipalité suffisaient en elles-mêmes.
Ici les oreilles ce sont les spectateurs qui les prêtent au conteur le temps du spectacle… on ne les coupe pas
Une belle soirée comme on les aime