Bassin versant de la Save : 11 cours d’eau à sec sur 25, le Syndicat de rivière s’inquiète

11 cours d'eau sont à sec sur les 25 du bassin versant de la Save, le Syndicat de gestion Save et Affluents s'inquiète (photo illustration).
11 cours d'eau sont à sec sur les 25 du bassin versant de la Save, le Syndicat de gestion Save et Affluents s'inquiète (photo illustration).

Sur les 25 cours d’eau du bassin versant de la Save, gérés par le Syndicat de rivière Save et affluents (Sygesave), 11 sont actuellement asséchés ou ne présentent que quelques flaques d’eau. Le Syndicat s’inquiète de cette situation. Entretien avec Héloïse Sandré, technicienne de rivière à l’agence de L’Isle-en-Dodon.

LPR : Comment procédez-vous pour contrôler les cours d’eau ?

Héloïse Sandré : « Les mesures de l’hydrologie des cours d’eau de la Save sont réalisées une fois par mois de d’octobre à mai et deux fois par mois de juin à septembre. Au total, 51 points de mesures hydrologiques et 34 points de mesures de matière en suspension sont répartis sur les 25 cours d’eau. 7 niveaux d’eau sont reportés : Assec, flaques, étiage sévère, étiage, niveau moyen, crue, crue débordante. »

LPR : La situation actuelle est-elle hors normes ?

H.S. : « Pour le moment le Sygesave n’a pas le recul ni suffisamment de données de terrain précises. Ce qui nous inquiète c’est l’intensité et la durée de ces épisodes de sécheresse. Le réchauffement climatique n’augure rien de bon. Le syndicat observe régulièrement le bassin de la Save dans le cadre d’un suivi à long terme. Le cas du secteur est particulier pour 2 raisons : la réalimentation des cours d’eau principaux par le système Neste, avec les barrages des Pyrénées ; la non-réalimentation des petits affluents, qui comptent sur les pluies. Il y a quelques décennies, la Save et ses affluents avaient un régime périodique. En témoignent les archives sur les moulins à eau*. Ils fonctionnaient par éclusées et non en continu. Aujourd’hui, avec l’augmentation des besoins en eau pour les activités humaines, la gestion quantitative ne peut plus être envisagée ainsi. Le Sygesave constitue une base de données solide pour déterminer par la suite les actions qui amélioreront l’hydrologie de son territoire. Pour revenir au bon état écologique des cours d’eau. »

LPR : Quelles conséquences pour la nature ?

H.S. : « La sécheresse pour la faune et la flore est dommageable. Sur les cours d’eau habitués aux assecs chaque année, la biodiversité peut s’adapter. Là où c’est exceptionnel, la faune se regroupe dans les zones d’ombre, ou les trous où reste un peu de fraîcheur et d’humidité. La végétation, quant à elle, souffre de la déconnexion à l’eau, et si ce phénomène persiste, la ripisylve (végétation des berges) pourrait dépérir, et les zones humides s’assécher. »

LPR : Avez-vous des contacts avec les organismes liés à l’eau ?

H.S : « Avec les Fédérations départementales de pêche, pour des suivis de la faune aquatique et des poissons. On leur fait remonter nos observations et vice-versa. Avec la Compagnie d’Aménagement des Coteaux de Gascogne (CACG), chargée de la gestion quantitative de l’eau sur les cours d’eau. On échange sur les débits d’eau, la réalimentation, etc. Avec l’Agence de l’Eau Adour-Garonne, les Départements, les Collectivités etc. »

LPR : D’après vous quelles sont les solutions pour réduire l’impact de la sécheresse ?

H.S. : « Le syndicat de rivière n’a pas la compétence de gestion quantitative de l’eau. Elle appartient aux services de la CACG, cadrée par les Services de Police de l’Eau départementaux (DDT 31 et 32 dans notre cas). De plus, les grandes décisions concernant la lutte contre la sécheresse sont prises par le Ministère de la transition écologique et appliquées localement via des décrets ou des arrêtés préfectoraux*. »

*Au niveau gouvernemental, un bulletin mensuel de situation hydrologique est publié par la DREAL de chaque région, et un autre, annuel, par le ministère de la Transition écologique. Des arrêtés préfectoraux peuvent être pris pour limiter l’utilisation de l’eau par l’agriculture, l’industrie, l’usage domestique. Enfin, la Commission de suivi hydrologique, composée de représentants de l’État, des Collectivités, d’experts et d’usagers, planche sur le problème.

* Près d’une trentaine de moulins à eau longent la Save. Jusqu’à la moitié du XXème siècle ils servaient pour la minoterie ou l’électricité. NDLR

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