«Nuages sur les cimes», le dernier roman de Christian Louis, vient de paraitre. L’auteur narre les péripéties d’une nouvelle enquête de Blandine, la pétillante jeune lieutenante de police, et de Vincent, l’expérimenté journaliste, l’indissociable duo des précédents ouvrages, «Balade mortelle dans les Pyrénées» et «La vallée des sacrifiés». Les méandres de leurs enquêtes servent de fil d’Ariane au lecteur pour découvrir les coulisses d’un petit coin des Pyrénées, dans sa complexité traditionnelle et son universalité intemporelle.
«Il aurait pu ne pas y avoir de suite à « Balade mortelle dans les Pyrénées, seulement ça a plu, les lecteurs ont pris du plaisir à suivre ces personnages…» dit un Christian Louis songeur, mais heureux de cette connexion avec les lecteurs.
Des romans imprégnés du terroir pyrénéen et de faits de sociétés contemporains
La trame de ses romans est le fruit de l’imagination créatrice de l’auteur, mais les faits sont bien extirpés de la réalité quotidienne, au sein d’une société rurale, dans son environnement pyrénéen: «J’observe, j’écoute beaucoup. Je vais visiter les lieux. Dans «Nuages sur les cimes», beaucoup de scènes se passent dans la Barousse. Je vais marcher dans les villages que je veux décrire».
Christian Louis dissèque l’environnement avec sa vision d’artiste plasticien: «je vois cette cheminée, sa verticalité; ce n’est plus une cheminée, c’est un axe, et quand j’en parle, j’en parle comme d’un point d’exclamation dans le paysage. Le fait d’avoir beaucoup analysé des œuvres d’art sur le plan graphique, sémantique et philosophique, me sert beaucoup».
«Dans mes romans, je veux qu’il y ait plusieurs dimensions. Une dimension sociologique, je parle du monde rural, tout à la fois une petite ville et un village du piémont, le fond de vallée, et la montagne. Il y a un cheminement, le point de départ c’est la petite ville, jusque vers les estives, parce que le pyrénéen fait ce chemin de façon permanente, il monte aux estives et il redescend».
Le confinement lié à la crise sanitaire a permis d’observer une société «arrêtée» : «J’ai senti qu’’il y avait quelques thèmes importants qui animaient le débat dans notre société. La laïcité, les écologies parce qu’il y a des représentations extrêmement diverses de l’écologie, le conspirationnisme, et la culture en milieu rural constituent un même tissu parce qu’il y a des ponts entre tous ces éléments».
Des romans enracinés dans le microcosme pyrénéen avec sa dimension universelle
Christian Louis ajoute : «Je veux une dimension philosophique. L’auteur n’impose pas un point de vue par l’intermédiaire d’un personnage. Il propose des points de vue, celui d’une femme et celui d’un homme, celui de quelqu’un qui est d’ici, dans les Pyrénées, et celui de quelqu’un qui n’est pas pyrénéen. L’enracinement local, on peut l’identifier, mais si on enlève les murs d’une représentation locale précise, on accède au caractère universel de la comédie humaine. Je ne peux comprendre l’universel que si j’ai un enracinement local, mais je comprends qu’il y ait d’autres enracinements locaux, différents du mien. C’est un questionnement sur l’Homme, sa manière de vivre en société, de s’organiser, de penser».
Il précise : «je ne veux cependant pas que le raisonnement philosophique plombe le roman». Il illustre son propos: «Je déclenche un torrent qui va faire bouger les turbines, créer de l’énergie, de la réflexion, mais je ne vais pas donner au lecteur des informations moléculaires sur l’eau, ni sur la technique des turbines, pour ne pas plomber le texte».
Ce faisant, l’auteur n’est pas neutre, Christian Louis n’est pas un personnage de ses romans, mais il s’y trouve par son écriture et l’éclairage qu’elle projette sur le texte : «Forcément, il y a ma vision du monde. J’ai une vision du monde dans lequel je ramène les individus que je rencontre dans le camp d’Éros, les gentils, les bienveillants ou dans le camp de Thanatos, les destructeurs. J’ai peut-être une vision pessimiste de la société, mais ceux qui sont dans le camp d’Éros sont de plus en plus rares. Je vois une acculturation, je constate la perte du langage, la baisse du niveau de compréhension chez les jeunes, l’évolution de la violence… Blandine et Vincent sont des personnages positifs plongés dans un bain saumâtre. On peut en revenir au domaine des Arts plastiques : si l’on veut mettre en évidence un élément rouge ou jaune du tableau, nous ne le voyons pas si tout est de couleur rouge ou jaune. En revanche, si tout est dans les couleurs sombres, on voit nettement le point rouge ou jaune. Le climat général me parait sombre, mais dans cette société dure et violente, émergent des personnages qui ont un autre regard, comme la jeune policière et le journaliste du roman».
Christian Louis est intarissable…Au plaisir de l’écriture, il ajoute le plaisir des rencontres. Il accueillera toutes celles et tous ceux qui souhaiteraient partager son univers, à la librairie L’Indépendante (12 rue de l’Indépendance à Saint Gaudens), le jeudi 22 septembre de 17h00 à 20h00: séance dédicaces et échanges avec l’écrivain commingeois.