Christian De Miègeville président de Luchon d’Antan nous fait l’amitié de ce retour à l’histoire de la FOIRE sur Luchon :
- Avant l’allée d’Étigny, Luchon s’arrêtait au Pountet de Tite (entrée des Allées). Ensuite, c’était des champs cultivés et surtout des pâturages. Les maigres bains étaient bien seuls là-bas au pied de ce qui devint le bosquet. En 1383, les réunions se faisaient en plein air : « au Graoué », lieu accoutumé tenir conseil entre consuls, conseillers et autres habitants audit Bagnères et lieu de Barcunhas.
À cette époque, una vayle, (chemin) partait du Pountet jusqu’au pont de Piqué en suivant les eaux des ravins de la Carraou. Montauban et Saint-Mamet avaient aussi leur vayle, leur route de Piqué. C’était la grande communication avec Luchon. Ce pont de Piqué n’était pas sans importance. Il servait, à la fois, de trait d’union à Bagnères, Montauban et Saint-Mamet. C’était aussi le passage pour la vallée d’Aran et de Venasque par les chemins de Burbe et de Gourdères. Il dut bénéficier, plus d’une fois, pour ses reconstructions et ses réparations, de la charte que Bernard IX, comte de Comminges, octroyait à Bagnères et à la vallée de Luchon le 1er février 1313.
Grâce à ces franchises et à ces privilèges, la commune de Bagnères gagnait contre le domaine de l’État le procès des montagnes et des forêts le 25 août 1849. Ce comte marqua une époque de liberté et de prospérité; il posa les fondements des propriétés communales.
- Ces libéralités s’étendirent aussi au commerce. Il réduisit les droits de passage sur les animaux et les denrées. Il le fit surtout en faveur de Luchon qui était un des grands centres du commerce des Pyrénées. Tous les ans, il y avait des foires considérables. A ces époques, les chemins et le pont de Piqué étaient très animés. Ces foires se tenaient sur la rive droite de la Pique dans le territoire de Saint-Mamet.
Un acte passé à Piqué même le 11 du mois de juillet 1446 détermine avec précision l’emplacement du champ de foire.
« D’un côté, y est-il dit, il confronte avec le fleuve Neste qui descend de Castel-Vieil et la digue du canal du Ressec (scierie) du seigneur de Odet-d’Avia ; de l’autre avec la propriété dudit Gualbard, seigneur de Montauban». Ces limites sont bien celles qu’occupent les champs de Saint-Mamet qui font suite à Piqué en remontant la Pique jusqu’au-dessus de la passerelle Vidal en face de la rue des Thermes. Ils portaient jusqu’en 1950 le nom de Marcadaou (place du Marché). » L’acte ajoute : « Que cette pièce de terre, étant, commune et publique de temps immémorial, doit continuer à l’être entre Bagnères, Barcugnas, Montauban et Saint-Mamet et les vallées circonvoisines : Bavard, Frontigne, Leyrisse de Luchon, Ripuergue, l’Aran, l’Ourou, Aure et les autres plus éloignées de n’importe quelle domination. »
Plus tard, la foire vint sur le territoire de Luchon à la « Lane de Piqué », situé aujourd’hui du casino au bord de la Pique.
- Au milieu du XIXème se tenait les 12, 13 et 14 mai une importante foire sur les Allées d’Étigny…
De tous les départements voisins on venait avec mules, mulets et chevaux. En revanche, les éleveurs locaux apportaient, chèvres, moutons et bêtes à cornes. Il s’y traitait beaucoup d’affaires avec les espagnols. On trouvait aussi des animaux à vendre le long du cimetière…
- À l’ouverture de ces foires et en particulier celle du 28 octobre la vallée devait prendre une physionomie très particulière de vitalité. Par toutes ses entrées, par tous les sentiers des montagnes affluaient en files de caravanes les produits des deux versants pyrénéens. Des convois de troupeaux venaient de fort loin, puisqu’il est question dans la charte de Bernard IX de la taxe des mules, des boeufs et des vaches de l’Auvergne. Tout cela avait droit d’asile, de jour et de nuit au pré communal de Piqué. Ce lieu fourmillant d’hommes et d’animaux devenait pendant plusieurs semaines un vaste supermarché de plein air pyrénéen.
Christian de Miègeville.