Les techniciens du Syndicat de rivière de la Save et ses affluents, remarquent ses traces depuis quelques années déjà dans le territoire commingeois. Encore la semaine dernière, des épreintes de loutre ont été relevées sur la Gesse du côté de Mondilhan et sur la Save aux environs de Rébirechioulet et Charlas.
« Preuve que cette espèce protégée retrouve peu à peu sa place dans notre bassin versant, se félicite Héloïse Sandré, technicienne de rivière au SygeSave. »
Les épreintes, qu’est-ce que c’est ?
Ce sont les indices, les traces que laissent un animal dans son habitat, des déjections, des suints, des mucus odorants pour marquer son territoire, etc. Ses indices sont très utiles aux spécialistes de la nature et aux structures de protection environnementales pour déterminer la présence d’une espèce, sa densité de population, son aire d’activité, ses habitudes alimentaires, etc.
En ce qui concerne la loutre les agents du SygeSave ont suivi une formation avec l’AREMIP (Action Recherche Environnement Midi-Pyrénée) l’an dernier. « Justement en raison de l’observation de la loutre revenue discrètement à l’état naturel sur nos cours d’eau, précise Héloïse Sandré, cette formation nous permet d’être aptes à reconnaître les signes qu’elle laisse. Les observations et les relevés occasionnels que l’on peut faire pendant nos interventions sur les cours d’eau, sont consignés et transmis aux structures compétentes qui les étudient. »
La loutre, lutra lutra pour les intimes, est un mustélidé carnivore qui vit dans les cours d’eau douce en Europe. Il est plutôt nocturne. Gravement décimée en raison de la chasse pour sa fourrure, des activités humaines et de la pollution des cours d’eau, la loutre fait désormais partie des espèces en voie de disparition. Des programmes de réintroduction lui ont heureusement permis de survivre dans certaines régions et elle commence à réapparaître ici et là en France. Une chance, car elle fait partie de la chaîne alimentaire et a toute sa place dans la nature.
Combattre les idées fausses : non la loutre n’est pas responsable de la baisse de population des poissons, qui est essentiellement due à la pollution, la surpêche et autres facteurs humains et environnementaux. « Au contraire, estime Héloïse, la loutre fait partie des grands prédateurs indispensables et elle peut s’attaquer aux espèces invasives, elle régule les populations en consommant les éléments malades ou faibles. Elle est un bienfait pour la nature. Et rappelons-le elle est protégée. »
Signe d’une nature mieux préservée, la loutre doit reprendre la place qu’elle avait dans l’environnement avant le désastre écologique, comme un espoir ténu d’un meilleur avenir.
RAPPEL : la loi interdit de capturer, détenir, tuer les loutres, hérissons, écureuils, castors, loups, lynx, ours, vipères aspic, salamandres noires. Le fait de ne pas respecter ces mesures de protection est puni de 3 ans d’emprisonnement et de 150 000 € d’amende.