Ce jeudi 19 janvier, ce ne sont pas moins de quinze dossiers d’infractions qui ont été examinés au tribunal correctionnel de Saint Gaudens, concernant dix-huit prévenus, pour non présentation d’enfant, maltraitance animale, destruction involontaire par incendie, délit routier (2 dossiers), emplois irréguliers dans le transport routier (2 affaires) et violences : 4 dossiers dont une bagarre lors d’un bal entrainant 21 jours d’incapacité de travail.
Cette dernière affaire est une vulgaire histoire de cornecul tout droit sortie d’une soirée dansante qui a mis aux prises deux jeunes adultes imbibés de culture viriliste, mais pas seulement. L’un d’eux, la victime absente à l’audience, avait 2,31 grammes d’alcool par litre de sang, plus de 3 heures après les faits. L’autre, le prévenu qui comparaissait libre, a concédé avoir bu «un peu, une dizaine de verres» sans aller jusqu’à préciser la nature du contenu.
Dans la nuit du samedi 4 au dimanche 5 juin 2022, les gendarmes ont été appelés à la suite d’une bagarre à 3h00 du matin dans une fête de village. Arrivés sur place, ils ont découvert la victime à l’extérieur de la salle des fêtes, un jeune homme allongé en position latérale de sécurité. Transporté à l’hôpital, l’examen médical a révélé un état justifiant trois semaines d’arrêt de travail: une plaie à l’arrière de la tête, des plaies au bras, au visage, une dent fracturée…
Des auditions contradictoires
Le compte rendu des faits s’est ensuite heurté à une diversité de témoignages contradictoires…
Auditionnée par les enquêteurs, la victime, qui a déclaré avoir bu, a dit aussi avoir bousculé de manière involontaire un jeune homme, le futur prévenu qui lui a alors porté un coup à l’arrière de la tête, puis deux coups à la face, lui infligeant un KO.
Le prévenu entendu à son tour a fait des déclarations notablement différentes: «je me suis arrêté pour discuter avec lui, il était torse nu, il s’est mis plusieurs fois en tête à tête avec moi, me demandant si je voulais me battre, il m’a poussé, je suis tombé, je me suis relevé, il a remis sa tête contre la mienne, et je lui ai mis un coup de boule». Il a affirmé à la barre du tribunal avoir été courbaturé le lendemain. Au président qui lui demande s’il a un certificat médical, il a répondu «non».
Des témoignages contradictoires, lacunaires, vagues…
Un témoin a confirmé les déclarations de la victime. Un autre ayant demandé ce qui était arrivé à la victime, le futur prévenu a répliqué sans ambages: «c’est moi qui l’ai tapé». Plusieurs déclarations sont allées dans le sens de la victime.
Encore un autre a vu la victime tomber sans pour autant avoir vu de coup porté.
Deux témoignages qui sont le fait d’amis du prévenu confirment les propos de ce dernier, l’un déclarant que la victime a voulu donner un coup de poing au prévenu qui est tombé à terre. Ce dernier, s’est alors relevé et a asséné un coup de tête. Témoignage sensiblement similaire d’une autre personne. Un cousin du prévenu a déclaré lui que la victime «a cherché la merde toute la soirée», ajoutant «je pense que (le prévenu) a été frappé parce qu’il avait un cocard». Il ressort cependant du dossier qu’il a été violemment pris à partie par des personnes présentes, suite à son geste.
Le prévenu a maintenu sa position à la barre du tribunal
A la barre du tribunal, le prévenu a déclaré «je reconnais un coup de tête, c’est tout».
Le président s’étonnant que le médecin ait relevé plusieurs traces de coups «à divers endroits», le prévenu a répondu : «(la victime) est tombé plusieurs fois» à cause de son alcoolémie, réitérant «s’il n’avait pas bu autant d’alcool, il n’aurait pas chuté».
L’avocat de la victime: l’examen médical confirme les propos de son client
L’avocat de la victime n’a pas manqué de souligner que les constatations médicales corroboraient les déclarations de son client. Il a indiqué aussi que les déclarations du prévenu, recueillies un mois plus tard, ne correspondaient pas à certaines déclarations produites par ses propres témoins, et que le prévenu s’était même «embrouillé» dans la soirée avec l’un d’eux…L’avocat a aussi observé que selon deux autres témoins le prévenu à la mauvaise réputation de bagarreur se flatte d’être un adepte du MMA.
L’avocat du prévenu: l’interruption de travail est due aux chutes de la victime en raison de son alcoolémie
L’avocat du prévenu s’est attaché à mettre en exergue la valeur relative de certains témoignages et à décrédibiliser ceux qui paraissaient défavorables à son client, indiquant notamment que la victime avait été exfiltrée de la fête par les vigiles en raison des problèmes qu’il occasionnait, affirmant que seul un «coup unique» avait été porté par son client, et que l’interruption de travail de la victime était due à ses chutes au sol (en raison de l’excès de boisson) et aux maux de tête quelles avaient provoqués.
Verdict: 6 mois de prison avec sursis et expertise médicale
Le prévenu a été condamné par le tribunal à une peine de six mois totalement assortis d’un sursis simple, il a été reconnu entièrement responsable du préjudice subi par la victime qui fera l’objet d’une expertise médicale.