Le Conseil Départemental de la Haute-Garonne, présidé par Sébastien Vincini, mène une politique agroécologique volontariste, prônant une agriculture de qualité dans les zones rurales, respectueuse de l’environnement, à l’écoute des hommes et des territoires.
Dans ce cadre, un colloque s’est tenu mercredi 25 janvier à l’Hôtel du Département, autour d’une question fondamentale « Quelle agriculture pour une alimentation locale, accessible et de qualité ». Devant plus de 500 participants, de nombreuses personnalités entouraient Bernard Bagnéris vice-président du Conseil départemental de la Haute-Garonne en charge de l’agriculture durable, circuits courts et agro-alimentation. On comptait parmi les intervenants, deux spécialistes de l’agroécologie Marc Dufumier et François Plassard, ainsi que Christophe Roos-Oberlé, administrateur de Bio-Ariège-Garonne et producteur de fromages de chèvre bio à Escanecrabe.
Le modèle doit changer
Le constat est implacable : réchauffement climatique, impact des pratiques agricoles brutales, pollutions chimiques, pénurie d’eau, diminution de la biodiversité, appauvrissement des sols, perte d’autonomie alimentaire, etc. Il impose un changement de paradigme en matière de modèle agricole, une évolution des mentalités et des comportements des producteurs et des consommateurs. A travers les prismes scientifique et pragmatique de leurs diverses expériences, les intervenants ont distillé leur savoir. Marc Dufumier prône un nouveau système agraire qui réconcilie agriculteurs et écologistes, un modèle où l’objet de travail n’est ni le sol, ni l’animal ni la plante, mais un écosystème complexe prenant en compte tous ces éléments. François Plassard a évoqué les possibles solutions, avec l’aquaponie par exemple, et les « tortues marines maraîchères ». Guillaume Darrouy, vice-président de la Chambre des agriculteurs de Haute-Garonne, a rappelé la nécessité de produire de la qualité en volumes, en tenant compte des besoins et circuits de distribution. Lola Kirchner, coprésidente de l’ADEAR* et agricultrice, a souligné le rôle des petites exploitations dans la diffusion d’une agriculture à taille humaine qui valorise les bonnes pratiques.
Rémunérer le travail de l’agriculteur
Christophe Roos-Obererley revient sur son intervention au micro de la Petite République.com. « Que faudrait-il faire pour renverser la vapeur, pour retrouver un équilibre naturel ? revenir au simple bon sens dans nos pratiques agricoles. Après-guerre, on s’est lancé dans une agriculture productiviste, on l’a fait et bien fait. Maintenant on constate que ce n’est pas bon pour la planète. Nous devons nous détacher de l’emprise de la pétrochimie, et retrouver le lien avec une nature enfin préservée. Remettre les éléments en compétition entre eux, pour faire émerger les bons, un peu comme dans la fabrication du fromage. Sur la chèvrerie, pas d’engrais, des amendements organiques, des couverts végétaux, des haies, etc. Ce modèle écologique fonctionne, il prend quelques années pour être opérationnel mais il marche. »
« L’agriculture d’aujourd’hui doit abandonner son attitude « court termiste » pour une vision à long terme et les politiques ont un rôle à jouer. La PAC (politique agricole commune) au lieu d’allouer des subventions, devraient faire en sorte que les agriculteurs soient rémunérés à hauteur de leur travail. Rien dans ses nouvelles règles ne favorise l’agriculteur. Plutôt que perfuser des aides, il faut garantir la vente de la production. Demain si on incite les agriculteurs à produire mieux en leur garantissant que le travail fourni sera rémunéré à sa juste valeur, on aura fait un grand pas. »
« Les collectivités ont leur part également, en appuyant les agriculteurs bio locaux, via de nombreux leviers, par exemple l’approvisionnement des cantines. Toujours dans une optique de bon sens : proximité, saisonnalité… »
Reprenant la métaphore de l’effet papillon de Lorenz, Christophe Oberlé affirme que chacun peut agir et avoir une influence sur la suite. Chaque acte, comme un battement d’aile de papillon, aura un effet sur le voisin, et ainsi de suite, et le monde pourra changer. « Alors commençons. »
« A l’issue du colloque, bien qu’appartenant à des structures aux orientations différentes, nous avons trouvé de nombreux points de convergence, qui sont aujourd’hui des évidences. Partager le savoir des conférenciers, échanger, aborder les différentes visions d’avenir, fut gratifiant. Ma conclusion tient dans ces mots : revenir au bon sens ! »