Aurignac : La lutte s’organise contre la fermeture d’une classe de maternelle

Autour du maire J.M. Losego, l'APE, les parents, les élus, les sympathisants, se sont mobilisés pour refuser la fermeture d'une classe de maternelle à Aurignac.
Autour du maire J.M. Losego, l'APE, les parents, les élus, les sympathisants, se sont mobilisés pour refuser la fermeture d'une classe de maternelle à Aurignac.

« Nous ne sommes pas la variable d’ajustement des politiques publiques »

Plus de 55 personnes se sont rassemblées mardi matin 7 mars, à 8h du matin devant l’école maternelle Joséphine Baker, pour protester contre la fermeture annoncée d’un poste d’enseignant à la rentrée prochaine. L’école serait ainsi réduite à deux classes au lieu de trois.

Le maire d’Aurignac, Jean-Michel Losego, arborant l’écharpe tricolore, a prononcé un vigoureux discours devant l’assistance, composée de parents, de sympathisants, de représentants de la municipalité, et d’élus des communes voisines dont les enfants fréquentent l’école (Montoulieu, Benque, Boussan, Bouzin)

« Le plan qui prévoit la suppression de 104 postes d’enseignants en Haute-Garonne est une attaque frontale du service public de l’éducation. Alors même que l’école devrait être la priorité des priorités, à l’heure où la société se fracture, où les inégalités sociales, culturelles, territoriales, se creusent. »

Pointant les exigences croissantes d’apprentissages demandées à l’école, le maire en souligne la réduction drastiques des moyens, un vrai non-sens. La fermeture de la classe à la maternelle, est fondée sur les effectifs prévisionnels de novembre 22 pour septembre 23. De 50 élèves à cette date, ils sont maintenant près de 60. Avec 10 mois de distance, quelle fiabilité pour ces comptages ?

Une avalanche de complications

« Une directive de l’Éducation Nationale fixe le nombre maximum d’élèves en classe grande section à 24. Si le poste est supprimé, nous aurions donc de plus de 30 enfants par classe. Comment accueillir correctement ces tout-petits dans de telles conditions ? L’autre option est de placer des élèves de grande section dans l’école élémentaire Jacques Prévert. Mais là aussi de nombreux questionnements s’imposent, lesquels choisir, sur quels critères, pourquoi séparer des élèves du même âge… Rappelons qu’ici à Aurignac il s’agit non d’un groupe scolaire mais de deux écoles distinctes. Faudra-t-il augmenter la part des communes pour avoir du matériel adéquat dans l’un et l’autre établissement ? Pourquoi prendre le risque de ballotter les enfants d’un site à l’autre, d’une année sur l’autre, suivant l’évolution des effectifs ? Sans oublier les répercussions sur les effectifs des classes élémentaires, ni les habituelles inscriptions en cours d’année. »

Quid des enfants du PRAHDA

Un PRAHDA (programme d’accueil et d’hébergement des demandeurs d’asile) est installé à Aurignac depuis 2017, sur une volonté unilatérale de l’Etat. La communauté villageoise assume cette mission d’accueil avec bienveillance dans le respect des valeurs républicaines et humanistes. « Nos écoles, précise le maire, reçoivent au gré des arrivées et des départs des familles, entre 10 et 15 élèves d’âges divers. Les effectifs bougent en permanence. Ces enfants allophones requièrent une attention particulière qui alourdit la charge de travail des enseignants. Ce qui est possible dans trois classes de 20 élèves ne le sera pas dans deux classes surchargées. »

« La dégradation des conditions d’enseignement induite par la suppression d’une classe de maternelle, et plus généralement des conditions d’accueil de ces familles démunies, serait vécue par tous comme une rupture de la mission d’accueil de l’Etat Français, dont nous sommes les vecteurs. »

300 000 € de rénovation à l’école

La municipalité travaille actuellement sur un grand projet de réhabilitation de l’école maternelle, prévu pour 2023-2024, un chantier très important d’un investissement d’environ 300 000 €. « Que l’Education Nationale choisisse ce moment pour supprimer une classe, alourdit davantage notre profond sentiment d’incompréhension, d’abandon et d’injustice. »

« L’État veut dynamiser les campagnes, mais que l’État commence par tenir ses engagements : maintienir les moyens pour ses missions régaliennes au service des territoires et des populations. Pour le dynamisme et le développement, on sait faire, on s’en occupe. Nous n’en pouvons plus de cette vision centrale de l’Etat, parisianiste, éloigné de la réalité du terrain. Nous ne sommes pas la variable d’ajustement des politiques publiques. »

Au micro de la Petite République.com, Jean-Michel Losego espère que le poids des arguments avancés, justifiés et entendables, infléchira la décision du Rectorat. « Cette fermeture affecte l’une de nos enseignantes, qui ne sait pas encore si elle reprend ici à la rentrée ou si elle est mutée ailleurs. Elle a vécu cette situation à trois reprises. Humainement c’est difficile. En conseil municipal mercredi nous allons voter une motion contre la fermeture de classe, motion qui sera adoptée dans les mairies voisines. Nous avons contacté le DASEN (directeur académique des services de l’Education Nationale) et le député Joël Aviragnet. Nous ne lâcherons rien. »

Tous espèrent maintenant que le Rectorat reverra sa copie.

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