Ce jeudi 23 mars, première manifestation massive de l’après «49.3» à Saint Gaudens à l’appel et au diapason de l’intersyndicale, CFDT, CFE/CGC, CGT, CFTC, FO, FSU, Solidaires, UNSA.
Ce fut très probablement la manifestation la plus importante depuis la première du genre au mois de février dernier. Elle aurait rassemblée entre 3 000 et 3 500 personnes selon des estimations très raisonnables formulées par les représentants des syndicats.
Avec des slogans déjà entendus, comme «la retraite à 60 ans, on a trimé pour la gagner, on se battra pour la garder», et de nouveaux, tel «Macron, menteur, voleur, tricheur, fils naturel de madame Thatcher».
Une manifestation nombreuse, plus nombreuse que jamais, mais toujours calme, toujours pacifique, voire bon enfant, représentant grandement cette majorité habituellement dite silencieuse, qui s’abstient peut-être aux élections, et qui espère être entendue dans la rue à défaut de toujours l’être dans les urnes…
Ainsi, est revenue une antienne venue du tréfonds de la foule des manifestants, le cri «on ne lâche rien! On ne lâche rien!». Comme cela semble aussi l’objectif du gouvernement, le bras de fer conduit à l’impasse. Un nœud gordien dont personne ne sait comment il va être tranché.
La solution est entre les mains d’un président de la République qui se débat comme un diable dans le marais d’une situation économique et sociale dégradée, pris en étau entre les lois d’airain du marché mondial et le mécontentement croissant des français.
Le temps des interrogations
Quelle issue, avec un président qui a recueilli 20% des voix des électeurs inscrits au premier tour de l’élection présidentielle 2022, alors que selon les sondages 80% des français rejettent la réforme des retraites que le gouvernement veut appliquer? Entre légalité et légitimité, le balancier risque de tanguer…
Dans l’hypothèse d’une situation économique et sociale à la détérioration croissante, ce ne sera plus la réforme des retraites qu’il faudra ou non mettre en œuvre, ce sera la démocratie qu’il faudra se garder d’abîmer. Le retour aux urnes deviendrait incontournable, soit pour un référendum, soit pour des élections législatives après une dissolution de l’assemblée nationale, soit pour une élection présidentielle après la démission du président de la République. Les trois voies ont déjà été explorées sous la Vème République…
Si l’une de ces trois hypothèses se vérifie, l’extrême sensibilité des français aux conséquences de cette réforme des retraites fera-t-elle alors bondir le niveau de participation aux élections, pour redonner des couleurs à la vie civique et démocratique?