PLUS DE 800 PERSONNES A COLOMIERS POUR REPARER L’ECOLE DE LA REPUBLIQUE
La nouvelle Rencontre de la Gauche qui s’est déroulée hier soir à Colomiers sur le thème «Éducation: réparer l’école de la République», par Carole Delga et sa majorité régionale, a réuni plus de 800 personnes autour des interventions de Louise Tourret, Iannis Roder, Michel Ménard et Erika Cogne. Après l’accueil de Karine Traval-Michelet, maire de Colomiers, et l’intervention des élus régionaux socialistes, radicaux de gauche, communistes et écologistes, de nombreux sujets ont été soulevés par les intervenants et le public, tels que la mixité dans les établissements, les moyens accordés à l’école et à ses professeurs, les rythmes scolaires, l’orientation des élèves… Autant de sujets qui mettent en évidence que la promesse républicaine d’une école émancipatrice est aujourd’hui fortement fragilisée.
Plaçant les enseignants et les équipes pédagogiques au cœur de la réflexion, les intervenants ont exposé leurs expériences, leurs engagements et leurs propositions pour « réparer l’école de la République ».
Extrait des interventions :
Carole Delga : « L’éducation doit être au cœur du projet de gouvernement de la gauche. Nous faisons face à un désespoir grandissant, le peuple perd confiance dans notre système, confiance dans l’avenir et la capacité à choisir son avenir. Nombre d’entre nous a entendu petit « si tu travailles bien à l’école, tout sera possible ». L’école doit redevenir ce lieu qui donne à chacun la liberté de choisir.
Comment faire pour que chaque jeune se sente libre : il ne faut pas d’empêchement financier, c’est la raison pour laquelle en Occitanie, la rentrée scolaire est la moins chère de France. On doit augmenter la durée d’enseignement, qui est en France le plus faible d’Europe et donc les journées d’enseignement sont hyper chargées. La semaine de 4 jours et demi est un vrai outil de lutte contre les inégalités, pour l’enseignement des langues, les pratiques artistiques et culturelles. C’est ainsi que nous comblerons les différences croissantes de capital culturel entre les jeunes.
Il faut enfin lutter contre la crise des vocations des enseignants, par la formation. Le recrutement à Bac+5 est une erreur, il faut recruter plus tôt pour que la profession reste ouverte à toutes les classes sociales ; permettre aux enseignants de se ressourcer au cours de leur carrière et aux profanes de se former au métier d’enseignant.
Aujourd’hui, le sentiment d’enfermement se propage, à cause de politiques gouvernementales très injustes. Il faut agir en profondeur. »
Iannis Roder est intervenu sur la question de la mixité : « La question de la mixité est avant tout celle du capital culturel et social des élèves les plus modestes. L’école doit apporter ce que les familles n’ont pas et ne peuvent apporter à leurs enfants. Dans les établissements où la mixité n’existe que faiblement, la seule altérité intellectuelle est l’enseignant, alors que cela devrait être les autres élèves. L’école devrait être un espace de rencontre qui permet la discussion apaisée entre des élèves de cultures différentes. Cette mixité sociale, au-delà de l’espérance d’élévation sociale, doit permettre de faire société et donc, de donner un avenir à la République »
Michel Ménard, interrogé sur le rôle des Départements dans les collèges, a insisté sur la question des moyens donnés à l’enseignement public : « La question de la mixité soulève la question de l’enseignement privé : un collégien sur deux sont dans un collège privé à Nantes. Il nous faut agir avec nos moyens, pour un secteur public plus attractif gage de mixité. Cela passe par un investissement massif dans les bâtiments, par la construction de collèges en dehors des cités, par un véritable travail sur la carte scolaire, sur l’offre pédagogique et les transports scolaires. C’est un travail complexe, mais on peut y arriver. »
Erika Cogne, a rappelé son intervention dans plus de 200 établissements et 8 régions : « Avec la hausse du nombre d’élève par classe, on a perdu la possibilité de l’accompagnement individuel. Or il faut une communauté entière de personne pour permettre à un jeune de réaliser son rêve, notamment dans les quartiers les plus en difficultés, où les jeunes s’interdisent de rêver. Il faut permettre aux jeunes de ne plus s’autocensurer. Cela demande un travail de rapprochement avec chaque rectorat, les dirigeants d’établissement et l’équipe pédagogique. Mais cela permet aux jeunes et aux familles de retrouver confiance en l’institution française. »
Enfin, à la suite de questions du public, Carole Delga est revenue sur la question de l’orientation : « L’ensemble des présidents de Région demandent le transfert complet de l’orientation aux Régions. Il est extrêmement important de permettre la rencontre entre le monde de l’éducation et celui de l’entreprise. Il y a trop de stéréotypes, il faut que chacun connaisse la diversité et la réalité des métiers. La question des stages doit également être au centre de notre attention, la difficulté à accompagner son enfant dans cette recherche est fortement génératrice d’un sentiment de déclassement de la responsabilité parentale. Pour cette raison, la Région a conditionné ses aides aux entreprises à l’accueil de stagiaires. »
Cette rencontre était animée par Louise Tourret, journaliste, productrice et écrivaine, spécialiste des questions d’éducation pour Radio France, avec l’intervention de plusieurs experts : Iannis Roder, enseignant dans un collège ZEP, directeur de l’Observatoire de l’éducation à la Fondation Jean Jaurès et auteur de l’ouvrage La jeunesse française, l’école et la République, Michel Ménard, ancien secrétaire général de la Ligue de l’Enseignement et président du Département de Loire- Atlantique, et Erika Cogne, directrice générale de l’institut Télémaque, qui agit pour l’égalité des chances dans l’éducation.