Saint Gaudens : onzième journée de manifestation en quête d’une solution introuvable

Premier passage devant la sous-préfecture.

Jeudi 6 avril, 11ème journée de manifestations contre la réforme des retraites à Saint Gaudens, et sur 370 autres lieux en France. La veille, la première ministre Élisabeth Borne avait reçu l’intersyndicale pour renouer le dialogue. La rencontre avait débouché sur une confirmation d’irréductible inconciliabilité entre la position du gouvernement et celle des syndicats.

La manifestation saint-gaudinoise a rassemblé 1200 personnes selon la police, 2000 selon les organisations syndicales. Une manifestation pacifique, accompagnée et sécurisée par les services de police. De manière symbolique, le cortège est passé devant les établissements de services publics de la ville, la sous préfecture, La Poste, Pôle emploi et l’hôpital où il a marqué un arrêt prolongé avec l’intervention d’une représentante du syndicat CGT contre les effets de la loi Rist.

Le cortège devant les locaux de Pôle emploi.

Votée en 2021 pour plafonner la rémunération des médecins intérimaires, la loi Rist est entrée en vigueur ce lundi 3 avril 2023. Désormais, le salaire de ces médecins  ne pourra pas excéder 1 390 euros brut pour 24 heures de garde, une rémunération qui, pour sembler alléchante, est néanmoins bien en-dessous de ce qui s’est pratiqué jusque là. Cette loi désormais applicable, susceptible de faire fuir les médecins intérimaires, pourrait amplifier les risques de fermeture de plusieurs services hospitaliers.

«L’application brutale de cette loi (…) va se traduire par l’accélération de la fermeture de certains services» a déclaré la représentante syndicale, «toutes les spécialités hospitalières sont aujourd’hui en difficulté : la pédiatrie, les urgences, les réanimations, la chirurgie, la gériatrie (…) La fermeture d’établissements de proximité engendre une concentration d’activité sur les sites de référence qui deviennent des usines soumises à des cadences infernales et n’arrivent pas à répondre aux besoins».

Le cortège a marqué un arrêt prolongé devant les locaux de l’hôpital.

Le cortège a terminé son parcours devant la sous-préfecture où une représentante de la FSU a lu le communiqué de l’intersyndicale nationale rédigé à l’issue de la rencontre avec Élisabeth Borne : «A la crise sociale, s’ajoute aujourd’hui une crise démocratique. Nos concitoyens qui ont très largement et très pacifiquement exprimé leur opposition à cette réforme ne comprendraient pas que leur mobilisation et, à travers elle leur parole, soit ignorée. Nous avons donc redit à la première ministre qu’il ne saurait y avoir d’autres issues démocratiques que le retrait du texte. La première ministre a répondu qu’elle souhaitait maintenir son texte».

Le blocage politique et social ainsi officiellement et publiquement entériné, la situation reste momentanément en stand by dans l’attente de la prochaine décision du Conseil constitutionnel. Chaque front souhaite, sans véritablement pouvoir s’en persuader, voir les «sages» de cette institution trouver les voies et moyens d’une solution dans ce conflit entre la légalité dont se réclame le gouvernement et la légitimité revendiquée par l’intersyndicale soutenue par l’opinion. Un conflit qui agrège au fil du temps d’autres mécontentements, comme l’illustre le malaise de plus en plus vif exprimé dans le domaine de la santé.

Le cortège des manifestants a été accompagné et sécurisé par la police nationale et par la police municipale.

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