Ce jeudi 13 avril, douzième journée de manifestations en France contre la réforme des retraites. A Saint Gaudens, ce sont 710 manifestants selon la police, 1078 selon les syndicats qui ont défilé pour exprimer leur opposition.
Au regard du nombre de manifestants présents lors des onze journées précédentes, c’est un flux de personnes à l’étiage: pour souffler un instant à la veille et dans l’attente de la décision du Conseil constitutionnel ou bien est-ce un essoufflement plus profond attendu par le gouvernement et redouté par les syndicats?
L’intersyndicale du Comminges CFDT, CGT, FO, FSU, Solidaires, UNSA s’est félicitée ce 13 avril «d’une belle mobilisation (…). Aujourd’hui encore, il suffit de regarder le grand nombre de travailleurs et de travailleuses, jeunes et retraités, qui se sont mobilisés dans le calme et la détermination pour dénoncer cette réforme injustifiée». Elle affirme une conviction volontariste: «nous devons gagner…et nous allons gagner!!».
«Déni» et «mépris» selon l’intersyndicale du Comminges
L’intersyndicale poursuit, «voila trois mois que nous sommes tous mobilisés avec une intersyndicale porteuse de revendications claires: pas de recul de l’âge de départ à la retraite, pas d’allongement de la durée des cotisations. Le 5 avril, la demande réitérée de retrait de la réforme s’est heurtée à un refus net de l’exécutif. Pour l’intersyndicale, il s’agit là d’un déni et d’un mépris total du rejet massif porté par toutes nos organisations et par l’opinion (…). Dans ce climat de forte tension que l’on peut qualifier de grave crise démocratique et sociale, l’exécutif porte seul la responsabilité d’une situation explosive dans l’ensemble du pays».
Une représentante de Solidaires a prolongé la déclaration de l’intersyndicale dans une tonalité qui lui semble propre et qui parait en décalage avec la manifestation saint-gaudinoise très pacifique: «peu importe ce que le Conseil constitutionnel va décider (…), c’est la rue qui décide!».
Un avenir immédiat suspendu à la décision du Conseil constitutionnel ?
Que va-t-il se passer ce vendredi 14 avril, quand le Conseil constitutionnel aura rendu sa décision? Quelles que soient la nécessité et l’opportunité de cette réforme, la crise sociale se conjugue avec une crise de la représentativité.
En effet, le président de la République porte presque seul cette réforme, à l’image du titan Atlas qui fut condamné à soutenir la voûte du ciel. Mais, il a renouvelé son mandat présidentiel en 2022 avec seulement 20% des inscrits au premier tour, et 38% au second tour. Un second tour qui lui a permis d’être élu avec les voix de ceux qui s’opposent à lui aujourd’hui, à l’Assemblée nationale et dans la rue…
La Constitution offre deux recours qui passent par un retour aux urnes, soit après la dissolution de l’Assemblée nationale, soit par le biais d’un référendum. Deux recours qui menacent de tourner à la confusion du président, si l’on en croit les sondages…
Le Conseil constitutionnel va-t-il tracer une troisième voie qui rouvrirait les portes du dialogue entre le pouvoir exécutif, le pouvoir législatif et les syndicats? A défaut, il ne resterait plus au président qu’à se résoudre à l’alternative exprimée il y a près de 150 ans par Léon Gambetta dans une formule restée célèbre: «quand la France aura fait entendre sa voix souveraine […] il faudra se soumettre ou se démettre».