Le 24 mai, 55 membres de l’Association Voyages Mémoire République Espagnole (VMRE), prenaient le bus pour rejoindre les Asturies. Il s’agissait d’un voyage surtout mémoriel, qui devait les conduire sur les traces des luttes des mineurs de 1934 et la guerre d’Espagne.
A l’arrivée à Gijon, La Charanga Ventolin faisait un accueil en fanfare avec un répertoire de chansons républicaines. Ce fut ensuite pendant six jours un programme intense concocté par Quety, historienne.
Le paternalisme industriel du début du 20ème siècle
Des quinze jours de la révolution d’octobre 1934, souvent comparée à la commune de Paris, dans la cuenca minera de La Felguera il ne reste rien. Mines fermées, Région sinistrée. Le village « musée » de Bustiello est un terrible exemple du paternalisme industriel du début du 20ème siècle. Par le biais du logement, de l’éducation, des commerces et jusque dans les plus surprenants détails architecturaux de l’église, il avait une emprise totale sur la vie de ces mineurs.
La répression se poursuit bien après la guerre
D’Oviedo à Gijon en passant par Aviles, les traces des balles sur les bâtiments, les explications des guides, permettent d’imaginer la dureté des combats de l’été 1937, le courage et la conviction des républicains face aux rebelles soutenus par l’aviation allemande et italienne. Les interminables listes de noms des personnes assassinées et jetées dans des fosses communes ou des puits comme El Pozo Fortuna, gravés sur les monuments érigés grâce au travail acharné des associations, ont permis aux visiteurs de réaliser l’immensité de la terreur qui s’est abattue sur cette région dès 1937. Les rebelles exterminaient toute personne qui avait un lien avec la République légalement élue. Cette répression se poursuivit bien au-delà de la fin de la guerre, comme le montre la persécution dont fut victime la famille Costiello. Père mort en 1939, deux fils guérilleros assassinés en janvier 1948 sur dénonciation, mère et sœurs envoyées en camp de travail, biens saisis. Une famille entière persécutée pendant des années.
Beaucoup d’émotions
Les femmes ont payé un lourd tribut. Assassinées pour être femme ou sœur d’un républicain, parfois franc-maçonnes. Ou encore être très engagées comme Eladia Garcia Palacios, directrice d’un internat pour enfants aux méthodes d’enseignement modernes. Elle a été fusillée le 29 décembre 1937 pour avoir inculqué aux enfants la haine du fascisme et les idées de liberté et d’émancipation.
« Quelle émotion devant la plaque portant son nom quand un de nos amis réalise que son père et ses tantes avait été confiés par leur mère à cette merveilleuse femme ! A chaque voyage, nous partons chacun avec notre histoire mais l’émotion qui nous saisit à l’écoute de ces terribles histoires nous est commune. »
Quand l’Espagne s’affranchira-t-elle de la loi d’amnistie de 1978 comme l’on fait d’autres pays et refermera ses blessures? La toute nouvelle loi de Memoria Democratica le permettra-t-elle ?
Le prochain voyage de l’association en février 2024 amènera les participants à Malaga dans ces terres andalouses où la répression fut féroce. Le travail des associations mémorielles lève peu à peu la chape de plomb en réclamant Verdad, Justicia y Reparacion.