Ce dimanche 18 juin, les amateurs de sport cycliste avaient rendez-vous sur le boulevard Jean Bepmale à Saint Gaudens pour assister au départ de la dernière étape de la Route d’Occitanie cycliste qui a baigné dans une étrange atmosphère.
C’est sous un ciel gris et sur un boulevard balayé par une brise frisquette que des curieux clairsemés ont déambulé au cours de la matinée dans un village-départ aux barnums peu fréquentés. Quelques dizaines de personnes ont fini par se rassembler devant le podium de présentation des équipes où le speaker officiel, Daniel Mangeas, s’est vainement époumoné pour animer un rituel auquel les coureurs se sont adonnés avec retenue, saluant poliment le public à l’énoncé de leur nom et de leur palmarès.
Julien Loubet, l’ex coureur professionnel commingeois a recueilli quelques applaudissements reconnaissants. Chris Froome, le plus applaudi, a obtenu un succès d’estime adressé au quadruple vainqueur du Tour de France d’une époque déjà révolue, plus qu’au gentil fantôme qu’il est devenu au sein du peloton, toujours disponible auprès des spectateurs pour un selfie ou un autographe.
L’effet de l’onde de choc générée par l’annonce du décès de Gino Mäder au Tour de Suisse transparaissait encore au sein d’un peloton cycliste itinérant dont chaque maillon appartient à un univers qui les unit tous, où qu’ils soient, où qu’ils courent. Les coureurs professionnels vivent au quotidien des exigences, des contraintes et des risques qui les soudent au-delà de leurs rivalités sportives. Sans doute avaient-ils hâte, ce dimanche 18 juin, à Saint Gaudens en Comminges comme à St Gall en Suisse orientale, d’en finir avec les obligations protocolaires et de se retrouver sur la route, au sein de leur communauté, pour tenter d’évacuer, le temps d’une course, leur mal-être du moment.
Ce même dimanche 18 juin 2023, à l’issue du contre la montre final du Tour de Suisse, le champion français Romain Bardet a tout dit de l’état d’esprit de la fratrie cycliste: «je me demandais ce que je faisais là, sur un vélo». Lui, et tous les autres, étaient ailleurs, dans leurs souvenirs avec Gino Mäder et sa famille, avant de retrouver leurs proches et de se ressourcer auprès d’eux.
