Un concert de grande qualité à l’église d’Arbas ce 16 septembre – Musiques traditionnelles occitanes et facture instrumentale
Ce fut plus exactement un concert conférence ou inversement, avec une attention du public jamais relâchée de par le procédé d’un l’exposé musical captivant. En la circonstance il s’agissait bien d’un parcours, une randonnée de chemins de montagnes des Pyrénées, ou des campagnes occitanes comme le rappelait Pierre Rouch ; la couverture de l’espace occitan de Bordeaux jusqu’à Turin et de la marche entre le Limousin et le Berry jusqu’au Val d’Aran en Catalogne de la péninsule ibérique. L’alboka basque, le clari de la Bigorre, la flûte du Comminges ou celle béarnaise accompagnée du tambourin à corde eth tum tum, le haubois du Cousserans ou la cornemuse catalane furent l’écho de ces chemins de traverse culturels.
L’escapade dans l’espace occitan fut la découverte de la bodega de la Montagne Noire (entre Castres et Mazamet), la chabrette du Limousin ou la cabrette à soufflet auvergnate. L’évocation de ces instruments fut l’ouverture à l’exposé des contextes historiques, notamment avec l’apparition de l’accordéon diatonique coïncidant avec l’émergence d’une aire industrielle invasive au 19ème , l’exode rurale et l’accordéon emblématique des fêtes populaires et des grèves du Front Populaire.
Au-delà de la dimension pédagogique, le répertoire interprété dans la succession de ces instruments fut impressionnant dans l’égalité de la maitrise des flûtes, des cornemuses ou de l’accordéon diatonique. L’accompagnement au violon ou bien le bouzouki de Michael Bourry, autant modeste qu’efficace témoignait d’une grande maitrise également dans le goût musical des accompagnements. La complicité musicale de ces deux compères était autant plaisante qu’évidente. La rencontre avec les musiciens après le concert donnait encore plus de consistance dans l’évocation des questionnements du temps, la question du sens de cette transmission des arts et traditions populaires confrontée à la dissonance cognitive-collective de notre époque moderne.
Ce concert-exposé s’inscrivait dans la mission que s’est donnée l’Association « Mémoire d’Arbas » qui s’est insinué dans le temps de toutes ces années de parution trimestrielle, du sérieux comme de l’agrément de son contenu, devenu dorénavant une référence culturelle de la vallée de l’Arbas.
Michael Boury : musicien et enseignant le violon dans la pratique de la musique traditionnelle dans le département de l’Ariège
Pierre Rouch : luthier installé à Herran, il est spécialisé dans la facture instrumentale des instruments à vent. Il est également musicien et enseigne la pratique des instruments traditionnels en classe de conservatoire à Saint-Gaudens. Il est également auteur d’une étude sur la pratique musicale instrumentale traditionnelle en vallée d’Arbas et la Bellongue en Couserans..