Alain Smittarello, 55 ans, a pris son poste de principal du collège Charles Suran à Boulogne le 4 septembre 2023, à la suite d’Anne-Lise Roux qui a fait valoir ses droits à la retraite en juin dernier. Marié, père de deux enfants, originaire des Yvelines, il a suivi des études d’Histoire de l’art, exercé le métier de conseiller principal d’éducation pendant 18 ans, puis de personnel de direction d’établissement, dans l’Aude, le Tarn, puis en Haute-Garonne.
Mr Smittarello, quelles sont vos premières impressions à trois semaines de la rentrée ?
C’est effectivement ma première année au collège de Boulogne en tant que principal. Précédemment j’exerçais au collège Louisa Paulin à Muret, zone d’éducation prioritaire, où les problématiques sont diamétralement opposées. Ici nous sommes dans un secteur d’éducation dit isolé, c’est très différent. Dans les villes et villes moyennes on essaie de s’accrocher à une vision commune coûte que coûte, alors qu’ici elle se génère d’elle-même, avec une sorte d’automaticité. Ici tout le monde prend le même train, le train Charles Suran et chacun y a sa place. Les projets, les situations sont appréhendées d’emblée, grâce à la proximité avec les élèves et avec l’équipe pédagogique, cohérente et soudée. Je découvre avec beaucoup de plaisir les charmes de ce territoire rural au pied des Pyrénées, où l’on a à cœur de défendre les valeurs qui lui sont attachées.
Vous découvrez le collège, qu’en pensez-vous ?
C’est un établissement qui « tourne », et j’ai choisi de vivre cette expérience de la ruralité, une autre façon de fonctionner, sans les résistances de terrain qu’on peut trouver ailleurs. Labellisé Développement Durable, on y compte un internat d’excellence, une classe APPN (activités plein air et nature) et une classe horaires aménagés Foot (CHAF). Mme Roux, qui m’a précédé, a fourni avec professionnalisme un gros travail de recalage global, et l’existant est très intéressant et efficace. Je m’inscris totalement dans la continuité de ce bel outil performant, non seulement par rapport à son ADN pédagogique mais aussi la qualité de la relation entre la direction et les personnels. Il y a une forme de stabilité ici, stabilité du profil socio-économique des élèves et des familles, stabilité des équipes ; les professeurs savent pourquoi ils sont ici et c’est pourquoi il y peu de demandes de mutation. Globalement, le discours pédagogique passe bien avec les familles, dont la représentation sociologique est équilibrée.
De quels moyens pédagogiques disposez-vous ?
Cette année 19 professeurs composent l’équipe enseignante, dont 8 postes partagés, des temps partiels, et nous avons une nouvelle secrétaire. Pour un effectif de 172 élèves. L’offre pédagogique est très riche et fourmillante pour tous les niveaux, de la sixième à la troisième. Il y a par exemple beaucoup de ce que l’on appelle des barrettes : les élèves ont peu d’heures d’étude car ils sont occupés à des activités, soutien scolaire, sport, travaux de groupes…
L’ouverture au monde et aux richesses culturelles et patrimoniales du territoire est au programme. L’environnement, l’économie solidaire, l’accès à la culture pour tous, sont aussi des volets importants. L’idée d’une d’armoire à livres gratuite est à l’étude.
Quelles sont vos missions pour l’année scolaire ?
Je veille à maintenir et renforcer le lien avec l’équipe pédagogique et les personnels, je tiens à ce que l’on travaille en confiance. L’enjeu majeur de ce collège, c’est le maintien des effectifs par le biais de l’internat, labellisé d’excellence pour 5 ans. Ici, contrairement aux internats de lycée que j’ai connus, tout y est supervisé et personnalisé, l’équipe encadrante très présente veille à entourer non seulement les internes mais l’ensemble des élèves. Un de mes combats cette année sera d’aller dans les écoles du secteur pour susciter l’adhésion des futurs sixièmes, car l’enjeu est majeur, face à l’enseignement privé. Nous avons des arguments forts pour ce collège, notamment deux classes de sixièmes à 16 et 17 élèves, qu’il est essentiel de conserver. L’internat sera pour nous la variable d’ajustement. Autre atout, le collège affiche 90% de réussite au brevet, et l’on vise les 100 % cette année.
L’orientation sera aussi une de mes priorités. Des journées portes ouvertes seront mises en place, pour informer les familles, avec l’aide d’Estelle Huart notre CPE depuis trois ans.
Sachez qu’ici les élèves de troisième obtiennent en majorité leur premier vœu d’orientation. L’effectif (20 élèves par classe de 3ème) permet l’individualisation, ensuite on prend en compte très tôt dans l’année le projet des élèves, pour les informer au mieux. Je vais mettre en place une phase d’échanges entre le collège et la famille dès le premier trimestre, pour une réflexion précoce sur les choix d’orientation. Il y aura aussi une réflexion avec entraînement à l’oral sur le projet professionnel, dès la 5ème. A cet âge-là on apprend à se connaître, à définir ses idées, ses goûts, ses capacités, ses desiderata. En 4ème, c’est la découverte des métiers, et en 3ème celle des formations. Sera aussi préparé sur le bassin d’éducation du Comminges, avec collèges et lycées, un forum des métiers.
Autre nouveauté, dès la semaine prochaine, nous proposerons à l’entrée du collège aux demi-pensionnaires et externes, une tranche de pain frais et du chocolat. Rapide, facile et nutritive, cette mini collation -facultative- palliera un petit-déjeuner trop souvent zappé, et donnera un regain d’énergie aux enfants.
Premier bilan positif, alors ?
Tout à fait, et je le dis avec franchise et honnêteté. Mon expérience Boulonnaise démarre sous les meilleurs auspices, j’en suis très heureux. Idéaliste pragmatique -non ce n’est pas antinomique (rire)-, je reste connecté avec le terrain, en y apportant ma marque cohérente et juste, et je veux que chacun ici trouve les meilleures conditions pour travailler, dans le respect mutuel et le dialogue.