M. Pierre Médevielle, membre des Indépendants, est intervenu à la tribune du Sénat mercredi 15 octobre, lors de la séance des questions au Gouvernement, sur la problématique de la contamination du cheptel bovin du grand Sud-Ouest par la maladie hémorragique épizootique (MHE), transmise par un moucheron hématophage. Le sénateur a interpellé le Gouvernement pour qu’il mette en place de façon urgente des protections drastiques, en sus des mesures prises depuis septembre, date d’apparition de la MHE. La situation de crise a suscité en début de semaine des réunions avec la Préfecture de Haute-Garonne, des collectifs d’éleveurs et de défense de la profession, entre autres.
Rappelons que cette maladie virale ultra contagieuse, non transmissible à l’homme, impacte très sérieusement la filière bovine, avec de nombreuses bêtes malades, des avortements spontanés, des traitements médicaux très coûteux. « Ce n’est pas tenable par les éleveurs, précise le sénateur Pierre Medevielle au micro de la Petite République.com. Dans certaines exploitations, comme à Saint-Ignan, c’est 50% du cheptel touché. Les bêtes qui devaient être vendues ne le sont pas, doivent être soignées et nourries, ça coûte une fortune. Les conséquences économiques sont graves pour l’économie de la filière dans son ensemble. La contagion s’étend et prend une ampleur préoccupante. » Selon M. Medevielle, les mesures de confinement (150 km autour des foyers d’infection détectés) n’ont fait qu’empirer la situation puisque les éleveurs n’ont plus eu accès aux marchés italiens et espagnols, partiellement rouverts.
« Les premières études font état d’un taux de mortalité de 0,3 à 3 %, note le sénateur dans son allocution. Le plus souvent, la guérison intervient en quelques jours, grâce à un traitement très coûteux. Le confinement dans un rayon de 150 km aggrave les conséquences économiques de la crise, comme la fermeture des marchés italien et espagnol. L’épizootie progresse, avec de lourdes conséquences financières pour nos éleveurs. Le problème sera national dans quelques semaines. Quelles mesures prophylactiques et financières compensatoires le Gouvernement prévoit-il ? »
Marc Fesneau, Ministre de l’agriculture et de la souveraineté alimentaire, Marc Fesnaeau, a fait part de sa solidarité avec les éleveurs touchés par cette calamité. « Pour la première fois, nos éleveurs sont confrontés à la MHE, avec 39 foyers le 29 septembre et près de 1 200 au 20 octobre. » Pour le Ministère, la priorité reste l’accès aux marchés espagnol et italien, principales plaques tournantes de l’exportation. Ces deux pays ont d’ailleurs agi en deux semaines à peine. « Le confinement crédibilise notre démarche sanitaire, 95 % de l’export a ainsi été débloqué. »
Un comité de suivi impliquant une quarantaine d’exploitations permettra d’évaluer l’impact économique du au coût des traitements et à la mortalité. « Nous devons repenser notre système sanitaire et son financement, souligne le Ministre, car l’apparition de la MHE est un effet du changement climatique. »
En conclusion de son intervention, le sénateur Pierre Medevielle a observé qu’il était trop tot pour établir un bilan. « L’évolution est rapide. La crise ukrainienne rappelle le besoin de souveraineté énergétique et alimentaire. La filière bovine est un des fleurons de notre agriculture, mais les cheptels diminuent et les éleveurs souffrent. Je compte sur le Gouvernement pour les aider ce secteur déjà lourdement pénalisé. » Une visite du Ministre de l’agriculture dans le territoire est probable dans les prochains jours.