Une concertation publique a été organisée par la municipalité de Montmaurin jeudi 23 novembre, pour débattre d’un projet de centrale photovoltaïque à Coupe-Gorge. Le nom est bien connue des passionnés de patrimoine et d’archéologie : la grotte éponyme qui s’y niche fait en effet partie d’un ensemble de cavités célèbres qui ont révélé des vestiges paléolithiques de portée mondiale. L’association de ces deux vocables, photovoltaïque et Coupe-Gorge, interpellent certains Montmaurinois.
Ayant réfléchi au projet depuis janvier 2022, la mairie a signé en septembre de la même année une promesse de bail -qui réserve le terrain pour 5 ans- avec la société Enoé Solis. Spécialisée dans l’énergie photovoltaïque, l’entreprise peut ainsi engager une étude de faisabilité. Suivra un bail emphytéotique de 30 ans en cas d’autorisation d’implantation.
Aux côtés du maire Gabriel Amiel et de ses conseillers, siégeait Kalle Palandjian, responsable développement à Enoé Solis, pour répondre aux questions des Montmaurinois présents. Dans le cadre de la loi 2023 d’accélération des énergies renouvelable, explique Mr Palandjian, les sites dits dégradés sont appelés à être valorisés. C’est pourquoi une zone de 5 hectares située sur l’ancienne carrière de Coupe-Gorge, faisant partie d’une emprise parcellaire qui en compte 16, a été choisie pour y installer la centrale, qui produira 5 MW. La partie boisée sera épargnée.
La mairie bénéficiera d’un loyer de 30 000 € par an et de retombées économiques. Pendant les études d’impacts, elle reçoit 1800€ par an d’indemnité d’immobilisation.
Le processus
La finalisation du projet est suspendue aux résultats des diverses études réglementaires, telle l’étude environnementale actuellement en cours. Elle déterminera l’impact de la centrale sur la faune, la flore et le milieu humain, pendant la construction, l’exploitation, ainsi que le tracé de raccordement au réseau. Une fois les études d’impacts terminées, ce qui prend au minimum 14 à 15 mois, le dossier de permis de construire pourra être déposé auprès de la Direction Départementale des Territoires 31 (DDT). L’instruction du dossier prend 8 mois environ, au terme desquels sera diligentée une enquête publique d’un mois. Le commissaire enquêteur rendra son rapport au Préfet, qui accordera -ou pas- le permis de construire.
Les points sensibles
Mais dans l’assistance, s’élève une interrogation majeure : comment peut-on engager un tel projet sur un secteur qui bénéficie d’un périmètre de protection modifié (PPM) des Monuments Historiques depuis 1949 ? Ce périmètre de 500 m2 est délimité à vol d’oiseau autour de la grotte de Coupe-Gorge site où un programme de fouilles archéologique a repris depuis 4 ans. A noter que la zone de l’interfluve Save-Seygouade des Gorges de la Save est également classée ZNIEF (zone naturelle d’intérêt écologique floristique faunistique). L’inquiétude et l’incompréhension s’expriment dans la salle.
« Le projet, bien qu’excluant la parcelle où se situe la grotte, est sur l’aire protégée, confirme Mr Palandjian, interrogé ultérieurement, mais c’est l’Architecte des Bâtiments de France (ABF) qui donnera un avis conforme, c’est-à-dire qu’on devra s’y conformer. Cet avis pour ou contre l’installation de la centrale doit obligatoirement être argumenté et motivé. Le souci majeur pour des projets comme le nôtre reste la covisibilité avec un monument historique. La centrale a-t-elle une covisibilité avec un trou dans le sol ? En tout état de cause, la décision préfectorale définitive devra mettre en balance l’intérêt général et les arguments de l’ABF. »
Un registre est déposé en mairie, consultable et accessible le mardi après-midi et le jeudi après-midi, de 15h à 17h. Si l’installation de la centrale est autorisée, les travaux pourraient débuter en 2026. Une prochaine réunion informative pour faire le point sur l’avancée du projet est prévue à la fin du premier trimestre 2024. La messe n’est pas encore dite.