Montmaurin : Visite d’hiver à Coupe-Gorge pour l’équipe d’Amélie Vialet, directrice des fouilles archéologiques

Amélie Vialet, paléoanthropologue du MNHN de Paris, sur le site de fouilles qu'elle dirige à Montmaurin.
Amélie Vialet, paléoanthropologue du MNHN de Paris, sur le site de fouilles qu'elle dirige à Montmaurin.

La grotte de Coupe-Gorge, nichée dans la falaise karstique surplombant la Save près du village de Montmaurin, bruissait d’activité pendant la dernière semaine de novembre. En effet une équipe de scientifiques, dirigée par la paléoanthropologue Amélie Vialet, du Musée National d’Histoire Naturelle de Paris, a repris son travail sur place pour quelques jours, dans le cadre de la seconde session du programme triennal de fouilles et d’études, commencé en 2018.

Dans la pénombre, quelques projecteurs éclairent des pans de la paroi rocheuse, mettant en évidence le creusement symétrique en damiers où se penchent les chercheurs. Armés de leur outillage de précision, brosse, pinceau, truelle fine, racloirs et grattoirs chirurgicaux, et d’appareils de mesure, ils poursuivent la recherche minutieuse de vestiges dont la célèbre grotte -qui fait partie d’un ensemble de cavités sur plusieurs sites dans le secteur- est encore pourvue.

Aux côtés des quatre étudiants du MNHN en bioarchéologie et quaternaire Préhistoire, on compte Cédric Beauval, spécialiste des relevés topographiques et de la modélisation 3D. « Ces mesures sont réalisées au fur et à mesure de la découverte de vestiges, précise Amélie Vialet. La photogrammétrie est l’indispensable mémoire numérique de leur emplacement. On lit ainsi la représentation spatiale de chaque objet. »

Depuis la dernière visite cet été, la grotte a changé de physionomie. Un coffrage masquant une partie de la cavité, fragile à cet endroit, permet de protéger les premières coupes. Il est surmonté d’une solide plateforme de bois à laquelle on accède par une échelle métallique. Ces aménagements sécurisent grandement le travail des chercheurs. L’ensemble est évidemment réversible et pourra être ôté ultérieurement. « Nous avons ouvert à peine 3 m2 de fouilles, c’est très exigu mais grâce à ce système nous pouvons placer 4 étudiants travaillant de concert. » Parmi ceux venus pour la première fois ici, Chloé résume l’avis général : « C’est formidable d’être sur un site aussi important, connu de la communauté scientifique mondiale. La programmation de fouilles sur un site est un signal fort des  potentialités d’un site, c’est le cas pour celui-ci et c’est très excitant pour nous d’y participer. »

La visite sera la dernière avant la campagne d’été car les conditions hivernales ne sont pas, bien évidemment, favorables au travail sur le terrain. L’été prochain les fouilles reprendront donc sur des strates chronologiques encore plus anciennes, dont les scientifiques attendent beaucoup. Les équipes compteront au moins une dizaine de scientifiques sur place, pour fouiller la grotte mais aussi continuer dans le local installé dans les gorges de la Save, le tri et la nomenclature des vestiges et des sédiments. Les analyses se poursuivent à Paris, à Toulouse, à Tautavel et ailleurs, complété par l’étude des collections de Louis Méroc.

Un travail archéologique de longue haleine pour mieux comprendre la colossale évolution qui a abouti à notre présent, et dont Montmaurin est le passionnant hiéroglyphe à déchiffrer.

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