Tandis qu’à Paris les «représentants de la Nation» au plus haut sommet de l’État s’embourbent dans des chicayas politiciennes pathétiques, le pays réel des campagnes menace de s’enflammer. Les milliers de panneaux d’entrée et de sortie d’agglomérations retournés depuis plusieurs semaines dans tout le pays n’étaient pas et ne sont pas des signaux faibles.
Ce mardi 19 décembre 2023 à Saint Gaudens, c’est le panneau indiquant la sous-préfecture qui a été retourné pendant la manifestation de quelques deux cents agriculteurs rassemblés pour exprimer collectivement un mécontentement et un malaise croissants.
«Nous manifestons d’abord pour obtenir des aides face à la maladie hémorragique épizootique déclare Pierre Pintat, président des jeunes agriculteurs, ensuite il y a un ras le bol général du monde agricole avec les taxes du Gazole Non Routier (GNR) qui sont augmentées, les charges administratives de plus en plus contraignantes alors qu’on importe des denrées de pays qui ne respectent pas les normes qui nous sont imposées, et un mal-être qui se traduit pour certains par des suicides».
Le sous-préfet de Saint Gaudens Gilles Pellegrin a reçu Jérôme Bayle et Bertrand Loup (FDSEA), les représentants de jeunes agriculteurs Anaïs Loubet et Pierre Pintat, et le président de la Chambre d’Agriculture Sébastien Albouy.
«Il en ressort comme d’habitude que nous sommes entendus, assène Jérôme Bayle, agriculteur à Montesquieu Volvestre, mais il va falloir maintenant qu’ils nous écoutent. Nous avons fait remonter nos revendications qu’ils connaissent déjà. Nous avons parlé des promesses que nous a fait l’État et qu’il ne respecte pas, que ce soit le remboursement des frais vétérinaires ou le soutien aux éleveurs ».
Le 2 novembre, en visite dans une ferme des Pyrénées Atlantiques frappée par la maladie hémorragique épizootique (MHE), le ministre de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire Marc Fresnau avait déclaré : «l’État sera au rendez-vous dans la prise en charge des uns et des autres»…
«Aujourd’hui on a rien de tout cela, juste des paroles, poursuit Jérôme Bayle. En Haute Garonne nous sommes à un peu plus de 50% d’exploitations touchées par cette maladie, et en Comminges nous sommes 70-75 %. Nous n’avons reçu aucune aide, ni physique, ni mentale, ni financière. Nous sommes ici aujourd’hui, pour montrer que ça suffit».
Les agriculteurs attendent des réponses claires avant la manifestation régionale prévue le 16 janvier 2024 à Toulouse. Sinon le mécontentement pourrait déborder et le mouvement se durcir. Pierre Pintat et Jérôme Bayle n’excluent pas la possibilité de manifestations violentes. Des dizaines de pneus, des ballots de paille et même du fumier ont été déposés devant la sous-préfecture. Autant de produits inflammables, comme un avertissement.
Maladie hémorragique épizootique (MHE), article du 5 novembre 2023:
